Publicité

Nantes, deuxième front des start-up parisiennes

Dans la foulée de l'arrivée de Doctolib, la sixième ville de France se place en antichambre des start-up parisiennes cherchant un deuxième bassin de recrutement. Le tissu économique diversifié garde aussi du ressort pour faire émerger des projets endogènes.

Légende
Légende (OheStudio William JEZEQUEL)

Par Emmanuel Guimard

Publié le 24 juin 2020 à 10:00Mis à jour le 26 juin 2020 à 12:21

L'arrivée de Doctolib , avec la promesse de 500 emplois, conforte Nantes parmi les destinations favorites des entreprises parisiennes du numérique cherchant un deuxième pôle pour accompagner leur essor. C'est d'abord un nouveau gisement de compétences que vient chercher la licorne française spécialisée de la prise de rendez-vous médicaux. Car, des écoles nantaises, sort chaque année un bon millier d'ingénieurs et de techniciens, même si un tel volume ne suffit pas à combler la demande.

Doctolib, qui a prospecté une dizaine d'autres villes, n'est pas le premier à s'intéresser à Nantes. Avant lui, le franco-américain Talend, expert de la qualification de données, ou la fintech Nickel ont, eux aussi, recruté sur place d'importants contingents d'informaticiens. Ce dernier va d'ailleurs poursuivre sa montée en puissance, au rythme de 75 emplois nouveaux par an pendant quatre ans.

Equipes pionnières

Publicité

D'autres valeurs montantes ont récemment essaimé à Nantes. Si leurs effectifs sont plus modestes, leur potentiel de développement et leur degré d'expertise semblent prometteurs. C'est le cas de la fintech Pretto. Le Palace, inauguré en début d'année en plein centre-ville, est l'une des plateformes d'accueil privilégiée des nouveaux venus. Cet espace privé de 3.200 mètres carrés, proposant 400 postes de travail dans le cadre assez prestigieux d'une ancienne banque, héberge depuis peu une équipe de Visage Jobs, une start-up californienne développant une plateforme numérique de recrutement ciblé. Cette dernière installe à Nantes une équipe pionnière de 7 ingénieurs de R&D, devant créer des liens avec l'écosystème local de recherche en l'intelligence artificielle. L'effectif devrait s'étoffer.

C'est aussi Le Palace qu'a choisi Veepee et, plus récemment, l'assurance-santé en ligne Alan, pour régionaliser des équipes techniques. L'endroit est aussi la nouvelle base technologique de Figaro Classifieds, filiale d'édition numérique du quotidien. L'autre point d'ancrage des nouvelles start-up est l'île de Nantes, quartier récent où se trouve La Cantine. Cette dernière va bientôt se déplacer sur le site voisin des anciennes halles industrielles d'Alstom, en cours de réhabilitation, en plein coeur de l'effervescent « quartier de la création » où le pôle numérique de l'université vient aussi de s'installer.

Levées de fonds

Ces implantations ne sauraient faire oublier le vivier endogène de start-up à l'instar de Mr Suricate qui a levé 2 millions d'euros pendant le confinement pour accompagner sa technologie de détection de bugs sur les sites Web. Récemment Shopopop, l'application communautaire de livraison entre particuliers, a mobilisé 4 millions d'euros et Beekast, 5 millions pour son système optimisant les réunions.

« La crise a favorisé l'essor de ces entreprises développant des innovations dans la mobilité, l'alimentaire, le quotidien », note Anaïs Vivion, présidente de La French Tech Nantes. Adrien Poggetti, directeur de La Cantine, estime à 33 millions d'euros le montant total des levées de fonds communiquées par les start-up nantaises depuis le début de l'année, la jauge annuelle se situant autour de 100 millions d'euros. Il estime à près de 150 le nombre de start-up sur l'agglomération. 

« Nous avons un écosystème devenu mature avec plusieurs générations d'entreprises qui se connaissent et qui s'ouvrent mutuellement leurs portes », dit-il. Mathieu Le Gac, cofondateur du Palace, confirme cet « esprit collectif, d'ouverture », mais il estime cependant que Nantes n'a pas encore « cette génération d'entrepreneurs sachant redéployer son argent dans les entreprises en émergence ». Les levées de fonds en amorçage restent un maillon faible et un facteur limitant l'apparition de nouveaux projets.

« Tech for good »

La source n'est pourtant pas tarie selon Jean-François Balducchi , directeur d'Atlanpole. La technopole nantaise tient le rythme de 30 projets lancés chaque année, lesquels génèrent une quinzaine de start-up. « Nantes a l'avantage de ne pas être monomoteur mais de faire naître des projets liés au 'manufacturing', aux énergies, à la santé, la mobilité, l'agriculture, la mer ou les industries culturelles et créatives », soutient Jean-François Balducchi. Ces axes sont justement ceux de Nantes Saint-Nazaire Développement dans sa politique de prospection sélective.

« On n'est plus dans l'attractivité tous azimuts », souligne Nicolas Debon, directeur de l'agence, évoquant un coeur de cible autour de « l'industrie du futur » et la « santé du futur ». Dans ce domaine, l'une des belles prises de Nantes fut le parisien Owkin , spécialiste de la traçabilité, ayant levé 25 millions d'euros cette année. Nantes revendique aussi une prédilection pour les « techs for good », marotte de l'entrepreneur américain Rob Spiro dont l'accélérateur Imagination Machine a rassemblé 4,5 millions d'euros l'an dernier avec des rejetons comme JHO, spécialiste des produits de protection intime en coton biologique, qui vient de lever 2 millions d'euros.

Emmanuel Guimard  (Correspondant à Nantes)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité