Sur le Vieux-Port, ce grand paquebot qu’est le Théâtre de la Criée a pris un nouveau départ. Fermée depuis le 17 mars, comme toutes les salles de spectacle de France, l’institution a rouvert ses portes le 8 juin, et pour tout l’été. Avec un public particulier, composé de toute la palette, riche et variée, de la jeunesse défavorisée de la cité phocéenne.
Macha Makeïeff, capitaine du navire depuis 2011, n’a pas attendu les recommandations du président de la République, dans son intervention du 6 mai, pour lancer ce vaste projet intitulé « Rêvons au théâtre », inédit pour un Centre dramatique national. L’été, les institutions théâtrales françaises sont systématiquement fermées. Y compris dans cette ville où une majorité de jeunes ne part pas en vacances. « Quand le confinement a été établi, je me suis trouvée face à un énorme déficit de sens, raconte-t-elle. Je ne voyais pas comment cet outil magnifique, avec ses équipes, pouvait rester vide pendant des mois. J’avais déjà décidé que la saison 2020-2021 de La Criée serait différente, axée sur la transmission, l’ouverture et l’itinérance. Je me suis dit : autant commencer tout de suite ».
La directrice de la Criée a fait ses fonds de tiroirs, réuni les économies réalisées sur les frais de fonctionnement en raison du confinement, battu le rappel de quelques mécènes, et mobilisé ses équipes, hyper partantes pour cette nouvelle aventure. Et elle a appelé quelques-unes de ces associations qui, dit-elle, « forment à Marseille un tissu grâce auquel la ville tient encore debout ».
Elle et son commando de choc, composé d’Hélène Courault, directrice adjointe des productions, et de Julie Nancy-Ayache, responsable des relations publiques, ont décidé de « coudre du sur-mesure » en fonction des publics. Ateliers théâtre, écriture, conte, musique, philo ou cuisine, tout est ajusté au plus près.
Macha Makeïeff, directrice de La Criée : « Ce que nous pouvons proposer, c’est un accès à la beauté, celle de la langue, notamment, et à la liberté de l’imaginaire »
« Les besoins ne sont pas les mêmes, selon que l’on s’adresse aux enfants des associations Môm’Sud ou Because U. Art, qui ont déjà une pratique artistique, aux jeunes de l’Ecole de la deuxième chance, qui se réinsèrent dans un parcours scolaire, aux petits Roms des squats de Marseille amenés par ATD Quart Monde, ou aux femmes dont s’occupe l’association Jane Pannier, majoritairement africaines, et qui ont vécu des parcours effroyables », soulignent les trois femmes.
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