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Un retour en classe encore limité, surtout dans les collèges

Des élèves de l’école des Neuveries dans leur salle de classe, lundi, à Gif-sur-Yvette (Essonne). Francois Bouchon/François Bouchon / Le Figaro

L’accueil de tous les enfants devait être la règle lundi, grâce à l’allègement du protocole sanitaire. Mais l’apparition tardive du décret a permis à des chefs d’établissement de justifier le statu quo.

Si dans l’école primaire publique de Pierre Favre à L’Abergement-de-Varey (Ain), 88 % des élèves sont revenus en classe ce lundi matin, le collège Les Champs-Philippe à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) n’accueillait vraiment que les élèves de sixième et de cinquième. Le retour des élèves de quatrième et de troisième n’aura lieu que sur une demi-journée, pour «le retour des livres».

«On va avoir à peu près 90 % des professeurs» cette semaine, a déclaré lundi matin le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, alors que 10 millions d’écoliers et de collégiens étaient attendus, lundi dans les établissements scolaires, lors de cette reprise de l’école «obligatoire» dans des conditions normales, annoncée dimanche dernier par Emmanuel Macron.

Mais tous, loin de là, ne sont pas revenus. Certes, un sondage Odoxa estimait à au moins 61 % le taux de familles désireuses de mettre leurs enfants à l’école cette semaine. Mais certaines continuent à avoir peur du Covid. D’autres ont déjà commencé leurs vacances, chez leurs grands-parents par exemple.

Des principaux tiraillés entre plusieurs feux

Au Sacré-Cœur, un collège privé de Versailles (Yvelines), «seule une toute petite minorité des élèves de cinquième sont revenus», témoigne un parent éberlué. Beaucoup de familles ont aussi pu être découragées par les conditions d’accueil toujours très partielles dans de nombreux collèges et, dans une moindre mesure, dans les écoles.

Si les écoliers et collégiens de Sainte-Thérèse à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) ont droit à un accueil «conforme à la normale», c’est-à-dire tous les jours, dans cette école privée du 20e arrondissement de Paris, rien n’a changé par rapport à la semaine dernière, au grand dam des parents: deux jours d’accueil par semaine seulement, «car le virus continue à circuler», selon la directrice. Au collège Georges-Mandel d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), la proviseur avait prévenu qu’il serait impossible de suivre un emploi du temps normal. Au collège public parisien Condorcet, certains élèves se sont présentés lundi pour seulement… une heure de cours, tandis qu’à Massillon, à Paris, les élèves ne sont «toujours accueillis que deux journées par semaine», racontent les parents.

Selon un nouveau décret, il n’y a plus de règles de distanciation physique en maternelle

Pourtant le retour à la normale devait être la règle, grâce à l’allègement du protocole sanitaire, qui encadrait jusqu’à présent de façon très stricte les établissements. Selon un nouveau décret, il n’y a plus de règles de distanciation physique en maternelle. En élémentaire, une distance de 1 mètre entre élèves est simplement recommandée mais non obligatoire. Au collège, quand elle n’est pas possible, les élèves doivent porter un masque. De nombreux principaux de collège se sont réfugiés derrière la parution tardive de ce décret, dans la nuit de dimanche à lundi, pour ne pas modifier leur organisation. Même s’ils savaient dès jeudi dernier que le texte officiel allait être publié en temps voulu… Le légalisme a permis de justifier le statu quo.

Pour Philippe Vincent, à la tête du SNPDEN-Unsa, principal syndicat de chefs d’établissements, «les collègues, trop sollicités, sont épuisés depuis dix-huit mois. Entre les grèves contre la réforme du bac, contre les E3C, les “gilets jaunes”, le confinement et le déconfinement avec quatre organisations différentes en trois mois, ça devient compliqué.» Il observe par ailleurs que les principaux de collège sont tiraillés entre plusieurs feux: celui des autorités académiques, qui poussent à un accueil maximal d’élèves, celui des parents «pour qui ça ne va pas assez vite» et celui des enseignants, «qui trouvent au contraire que ça va beaucoup trop vite». Pour une institution qui travaille par ailleurs habituellement sur le temps long, ajoute-t-il, «tout modifier en deux ou trois jours est compliqué».

Un retour en classe encore limité, surtout dans les collèges

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24 commentaires
  • anonyme

    le

    Typique de l’éducation nationale... mais pas seulement. L’incurie qui règne dans l’administration française est insupportable.

  • Marre de cette mascarade

    le

    Le constat du collège que je fréquente pour mes enfants , la plupart des élèves sont là ...... mais repartent car les profs ne sont pas venus . Des décrocheurs certainement !!!

  • Danilebleu

    le

    Mais l’apparition tardive du décret a permis à des chefs d’établissement de justifier le statu quo... hola, oh, ne pas se fatiguer à 2 semaines des vacances quand même !

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