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« J’ai l’impression qu’on ne me laisse jamais ma chance » : l’insertion difficile des jeunes diplômés issus de l’immigration

En temps normal, l’accès à un premier travail est ardu. La baisse récente des offres d’emploi va le rendre encore plus compliqué.

Par Sarah Nafti

Publié le 23 juin 2020 à 03h08, modifié le 23 juin 2020 à 10h45

Temps de Lecture 5 min.

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Anissa, 22 ans, diplômée de l’ISCPA, une école privée spécialisée dans les métiers de la communication, est dépitée. Sa recherche d’emploi, elle la décrit en un mot : « catastrophique ». « J’envoie cinq à six candidatures par jour depuis presque un an. Quand on me répond, c’est un mail standard pour me dire que je ne suis pas retenue. » Et le contexte actuel risque de ne pas arranger les choses.

Anissa est française, porte un nom maghrébin, vit en Seine-Saint-Denis. Après un bac littéraire, elle s’est lancée dans des études de communication. « Ma formation est peut-être trop généraliste, je ne sais pas… Personne ne me dit jamais ce qui ne va pas. » Volontaire et motivée, la jeune femme aimerait comprendre pourquoi son CV « n’accroche pas », alors même qu’elle assurait des missions en free-lance pendant ses études. « C’est très frustrant. J’ai l’impression qu’on ne me laisse jamais ma chance. »

Elle s’est tournée vers NQT, une association qui accompagne des jeunes diplômés (bac + 3 et plus) des quartiers sensibles ou de milieu modeste dans leur recherche d’emploi. Un système de parrainage par un cadre en poste permet aux jeunes de mieux comprendre les codes du monde du travail. Avec sa marraine, Anissa a profité du confinement pour refaire son CV, travailler ses lettres de motivation et simuler de futurs entretiens. Mais elle n’a toujours pas d’emploi.

« Moins de propositions de postes »

En temps normal, l’accès à un premier travail est déjà semé d’embûches pour les jeunes diplômés issus de l’immigration ou des territoires d’outre-mer, dans un contexte de concurrence accrue – ces vingt dernières années, le nombre de diplômés bac + 5 a augmenté plus vite que celui des emplois qualifiés, selon le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq).

Pour ces jeunes, le plus difficile, bien souvent, est d’accéder à un entretien d’embauche. En 2016, une vaste étude du ministère du travail a montré que, pour un même CV, les entreprises donnaient plus de réponses positives à des candidats aux noms « hexagonaux » qu’à ceux qui portaient un nom maghrébin. En moyenne, l’écart entre les deux types de candidats était de 11 points.

Alors que, dans un contexte de crise entre janvier et avril 2020, le volume d’offres d’emploi destinées aux jeunes diplômés a baissé de 65 % selon l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), les difficultés risquent de se renforcer. « Ce sont les jeunes racisés, ceux qui ont déjà habituellement le plus de mal à trouver un emploi, qui seront les premiers touchés par le chômage », estime Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant UNEF, qui vient de sortir une enquête sur les discriminations dans l’enseignement supérieur.

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