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Le chômage baisse en France, mais se maintient à un niveau élevé

En mai, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité a décliné de 149 900. Il reste important, avec 4,42 millions de personnes dans cette situation.

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Publié le 25 juin 2020 à 12h18, modifié le 26 juin 2020 à 09h10

Temps de Lecture 3 min.

Une terrasse de café à Paris, le 15 juin.

La situation s’améliore sur le marché du travail, tout en restant très dégradée. En mai, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a reculé de 149 900 en France (outre-mer compris sauf Mayotte), soit − 3,3 % par rapport à avril, selon les chiffres diffusés, jeudi 25 juin, par le ministère du travail et par Pôle emploi. Il s’agit d’une baisse inégalée depuis la création de ces statistiques, en 1996, ce qui constitue une nouvelle encourageante.

Elle doit cependant être nuancée par une autre donnée : un peu plus de 4,42 millions de personnes émargeaient dans la catégorie A en mai. Un niveau extrêmement élevé. Jamais la barre des 4 millions n’avait été franchie avant la récession entraînée par l’épidémie de Covid-19.

Reflux dans toutes les régions sauf en Corse

La diminution observée en mai est évidemment liée au redémarrage graduel de l’économie, qui est perceptible depuis la levée du confinement, le 11 mai. Toutes les tranches d’âge sont concernées par cette tendance ; c’est particulièrement vrai chez les moins de 25 ans (− 3,6 %). Les jeunes tirent également parti de cette embellie – très relative –, mais de façon moins nette (− 1,1 %). Le reflux s’observe dans toutes les régions, excepté la Corse.

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Cette évolution s’explique principalement par le fait que des dizaines de milliers de personnes, privées soudainement de travail en mars et en avril, en ont retrouvé un en mai, tout en restant inscrites à Pôle emploi. Elles ont, du même coup, été répertoriées dans les catégories B et C – celles des demandeurs d’emploi dits en « activité réduite » : leurs effectifs ont d’ailleurs progressé fortement, de près de 211 000 (+ 14,2 %).

« Les ajustements qu’on a observés en mars, avril et mai sur le marché du travail ont principalement concerné les titulaires de contrats courts et les intérimaires, décrypte Emmanuel Jessua, directeur des études de l’institut d’études économiques Rexecode. Ils ont d’abord perdu leur emploi et ont donc basculé en catégorie A. Une partie d’entre eux ont ensuite été réembauchés, tout en gardant leur statut de demandeur d’emploi, ce qui les a fait revenir dans les catégories B et C. Comme si un jeu de vases communicants s’était produit. »

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Au total, si l’on additionne les catégories A, B et C, quelque 6,125 millions d’individus, avec ou sans contrats de travail, pointaient au service public de l’emploi. C’est le chiffre le plus important depuis la mise en place de cette série statistique, en 1996. Et la probabilité est grande qu’il augmente dans les mois à venir.

Après la première vague de destructions de postes au printemps, qui a surtout touché les précaires, deux autres se dessinent : « L’une interviendra dès cet été et jusqu’à la rentrée scolaire, au détriment des travailleurs saisonniers et des jeunes, pense Gilbert Cette, professeur associé à l’université d’Aix-Marseille. La suivante frappera les personnes employées en CDI dans des entreprises qui vont faire faillite. »

Il faut s’attendre à une « forme de lame de fond », susceptible de se traduire par des licenciements en masse, enchaîne Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Le « choc structurel » provoqué par l’épidémie va avoir un fort retentissement sur l’aéronautique, le tourisme, les spectacles, l’industrie du loisir, le transport aérien, l’événementiel… Autant de secteurs dans lesquels notre économie s’est spécialisée, souligne-t-il : « La France risque d’avoir plus de difficultés que d’autres pays pour se relever. Le Covid-19 a touché ses points forts. »

« Il faut que les craintes des ménages soient levées »

Pour autant, le rebond de l’activité, auquel on assiste depuis que les entreprises ont cessé d’être mises sous cloche, va se poursuivre, « mais à un rythme très différent » selon les branches, pronostique M. Jessua. « Et il ne va pas permettre de retrouver à court terme le niveau de richesse qui prévalait avant l’entrée en récession », complète-t-il. Fin 2021, le PIB serait encore inférieur de 6 points à ce qu’il aurait été sans la crise, d’après les prévisions de Rexecode. « Ça ne peut pas ne pas laisser de trace sur le marché du travail », conclut M. Jessua, en précisant que le nombre de chômeurs, de décembre 2019 à décembre 2021, pourrait progresser de 890 000 : « Il s’agit d’un scénario fondé sur l’hypothèse que l’épidémie ne redémarre pas. »

Pour rétablir des niveaux de production et d’emploi équivalents à ceux qui prévalaient avant la crise, un paramètre va beaucoup compter, selon M. Cette : « Le sentiment de sécurité des agents économiques – en particulier les ménages. » « Il faut que leurs craintes soient levées sur au moins trois sujets, argumente-t-il : y aura-t-il un retour de l’épidémie ? Les impôts vont-ils s’accroître ? Leur activité professionnelle est-elle menacée ? »

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Si leurs appréhensions se dissipent, ils seront enclins à piocher dans l’épargne qu’ils ont constituée durant la période de confinement. « Les sommes en jeu sont colossales, environ 80 milliards d’euros, avance M. Cette. Si elles sont dépensées, la croissance repartira plus fortement. »

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