« Ce jour-là , il m’a scotchée. » Une directrice d’école élémentaire, qui souhaite rester anonyme, se souvient de ce moment où l’un de ses élèves, « qui n’aime pas trop l’école et a du mal à organiser ses idées », a lu un petit texte qu’il venait d’inventer devant la classe. C’était après le retour du confinement, dans une école rurale de Seine-Maritime. « Il a écrit une petite histoire à suspense, ce qu’il n’aurait jamais fait auparavant, rapporte l’enseignante. Même ses camarades étaient surpris. »
Que s’est-il passé pour cet élève, durant les longues semaines passées loin de l’école ? L’enseignante a prescrit des « joggings d’écriture » quotidiens, ces petites séances « pour s’entraîner à écrire, comme du sport ». L’élève a « sans doute » eu plus de temps pour s’y consacrer, dans une atmosphère plus calme… et quelque chose s’est débloqué. « Comme il réussit mieux, il reprend confiance en lui, détaille l’enseignante. Il passe moins pour celui qui est largué tout le temps. »
Voilà la « bonne surprise » du retour en classe, dans les écoles primaires : pour certains élèves, le confinement a été bénéfique. « Difficile de quantifier le phénomène précisément, tempère Johanna Cornou, directrice d’école au Havre et représentante au SE-UNSA, car on ne peut pas savoir comment ces élèves auraient progressé s’ils avaient continué à venir en classe. Mais on s’attendait tellement à une catastrophe que ça nous a surpris. » Parmi ses CP, elle a constaté que « certains comptent plus loin que les années précédentes au même stade » et que les « scores de fluence [la rapidité de lecture] » sont meilleurs.
Environnement de travail plus apaisé
Ces quelques effets positifs ne surprennent pas Pascale Haag, maîtresse de conférences à l’EHESS et membre du laboratoire Bonheurs de l’université de Cergy-Pontoise, qui a mené au cœur du confinement une enquête en ligne sur l’école à distance, remplie par 731 élèves du CP à la terminale. Selon cette enquête basée sur les réponses des élèves, le confinement a eu des effets positifs sur les apprentissages, l’autonomie et le stress. « Les enfants, surtout les plus jeunes, ont apprécié de travailler à leur rythme, avec leurs parents », tout en plébiscitant la pratique de la « classe virtuelle », qui leur permettait de garder un lien avec leur enseignant.
En jouant sur la qualité de vie, le confinement a également permis à certains de trouver un environnement de travail plus apaisé. « Les élèves les plus jeunes ont beaucoup évoqué la joie de pouvoir déjeuner chez eux plutôt qu’à la cantine, rapporte Pascale Haag, mais aussi le fait de profiter de leurs parents et de leurs frères et sœurs. »
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