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Bac 2020 : les lycées à l'épreuve de l'affichage

Déconfinementdossier
Quelque 740 584 candidats au bac découvriront mardi leurs résultats, par Internet ou dans leur lycée. Pour accueillir les élèves sur place en appliquant les règles de distanciation sociale, les établissements doivent faire preuve de créativité.
par Fanny Guyomard
publié le 6 juillet 2020 à 10h02

Chaque année, c'était un rituel : les bacheliers qui s'avancent, le pas pressé autant qu'angoissé, vers le panneau où sont affichés les résultats ; les doigts qui glissent sur la liste pour trouver son nom ; les cris aigus, les embrassades entre copains ; les pleurs de joie ou de déception ; le «je m'en doutais !» désinvolte d'un recalé. Mais mardi, mesures de distanciation «Covid» obligent, les candidats devront être moins expansifs. C'est du moins ce que prévoit le scénario que chaque établissement a écrit selon ses moyens et la configuration des lieux.

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Au lycée Charlotte-Perriand, à Genech dans le Nord, la question est vite réglée : pas d'affichage. Car les élèves entrent par une sorte de pont, où il pourrait y avoir de petits bouchons. «Si on avait pu coller les résultats sur des fenêtres qui donnent sur la rue, on l'aurait fait», argumente la proviseure Florence Delannoy. Mais pas question d'annuler le rendez-vous convivial de fin septembre, avec cocktail à la clé («de jus de fruits», précise-t-on), où l'on fait d'une pierre deux coups : remise des diplômes et présentation par chaque étudiant de sa nouvelle formation aux anciens camarades.

Eviter l’effet de masse

Au lycée professionnel Louis-Armand, à Yerres, dans l’Essonne, l’affichage «en vrai» est maintenu. Seule différence par rapport aux autres années : les sourires se liront dans les yeux des élèves à la bouche masquée. Et comme chaque année, parents et enseignants seront de la partie. Le petit nombre de bacheliers (150) et l’espacement des panneaux d’affichage, voire l’agrandissement du texte pour éviter de se coller à la feuille, aideront à éviter l’effet de masse.

La notation de ce bac inédit, à partir de celles du contrôle continu, permet aussi d'avoir moins de monde : habituellement, les plus gros lycées servaient de centres d'examens pour des candidats venant des plus petits lycées alentour et les candidats extérieurs allaient consulter leurs résultats dans ces mêmes centres. Cette année, c'est chacun dans son fief.

«Je connais déjà ma mention»

Pour maîtriser davantage les flux, il y a enfin la technique du «planning» et du «circuit» : au lycée Philippe-Cousteau de Saint-André-de-Cubzac (Gironde), chaque classe d'environ 35 élèves a son créneau d'une petite heure. Pas de noms affichés au mur – on y lirait plutôt, plaisante-t-on, les mots «évitez les embrassades». A la place, des tables espacées pour récupérer les relevés de notes. Balisage un peu froid, jugeront certains, mais qui rejoint l'esprit du bac de cette année : au suspense peu intense.

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Pour Elsa, c'est déjà plié : «Je connais déjà ma mention, parce que je l'ai calculée en faisant la moyenne des notes du bac de Première, des options et de la moyenne des notes des deux premiers trimestres de Terminale, en arrondissant chaque matière au point du dessus. D'ailleurs, notre prof principal nous a déjà annoncé que tout le monde avait le bac dans la classe !» Mais tout n'est pas joué : le jury d'examen a jusqu'à ce lundi pour harmoniser les notes, afin de tenir compte des notations différentes d'un lycée à l'autre au cours de l'année. Ce jury, appelé par l'Education nationale à faire preuve de «bienveillance», donnera-t-il le sésame à un élève avec 9,8 de moyenne générale ?

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