Des moyennes remontées de plusieurs points, des notes mirifiques dans une matière pour tous les candidats d’un même établissement, des élèves repêchés malgré un « doit faire ses preuves à l’examen »… Alors que les délibérations des jurys de baccalauréat sont toujours en cours, des voix commencent à dénoncer cette session particulière, où la bienveillance semble avoir parfois tourné à l’indulgence, voire aux petits arrangements, faisant craindre à certains enseignants un « bac bradé ».
Au terme d’une année scolaire perturbée par la crise due au Covid-19, le baccalauréat 2020 doit être délivré sur la base du contrôle continu. Dans un premier temps, des harmonisations ont lieu dans les « sous-jurys ». Ces harmonisations ont plusieurs objectifs. Il s’agit de réduire les écarts entre les notes obtenues pendant l’année – plus ou moins sévères selon les lycées – et les taux de réussite attendus. Les sous-jurys remplissent aussi leur rôle habituel : regarder le détail des dossiers pour ajouter quelques points et attribuer ici une mention, là une chance au rattrapage. Des jurys académiques, réunis pour la plupart à partir du vendredi 3 juillet, doivent ensuite veiller à l’harmonisation entre les différents sous-jurys.
Plusieurs participants à des sous-jurys ont eu la surprise de découvrir, lors de la seconde phase individuelle, qu’on leur avait transmis des notes – en général excellentes – sans cohérence avec le reste du parcours des candidats. « Au bout d’un moment, on s’est dit qu’il y avait quelque chose de bizarre », témoigne une membre d’un jury réuni cette semaine dans l’académie d’Amiens. « Tous les élèves de la série, dans le même lycée, avaient des 19 et des 20/20 de moyenne en langues. On nous a d’abord dit que les élèves étaient très bons et que c’était normal ! » Scandalisés, les membres de ce jury ont suspendu leurs travaux. Les vraies notes – qui figuraient sur le livret scolaire – ont finalement été rétablies.
« Cela se voit »
Contacté par Le Monde, le directeur général de l’enseignement scolaire, Edouard Geffray, confirme avoir reçu « quelques alertes » de ce type. « On nous a posé la question de savoir que faire lorsque l’on constate un différentiel entre le livret scolaire et les notes transmises au jury, rapporte-t-il. La consigne est claire : le jury rétablit les véritables notes, avant de délibérer. » Qui d’autre s’est arrangé avec la règle du bac au contrôle continu ? Difficile de le quantifier à ce stade, juge l’institution. « Ce qui est sûr, c’est que cela se voit », conclut Edouard Geffray, qui assure que tous les cas de ce type pourront être rectifiés.
Il vous reste 49.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.