L’université de Montpellier est vide depuis la mi-mars, mais ils sont encore des centaines à devoir subir une quarantaine. Parqués au fond d’une bibliothèque universitaire, disposés en piles loin de leurs étagères habituelles, hors de portée des étudiants : ouvrages de chimie, de physique, de biologie moléculaire…, contraints de patienter pendant encore dix jours.
Ces livres sont suspectés d’être vecteurs du virus, et donc isolés avant de circuler d’un emprunteur à un autre. Ici, les salles de travail de groupe sont interdites. Les places individuelles doivent être réservées, un sens de circulation est imposé, la salle de repos est désertée et les horaires d’ouverture réduits. « C’est le protocole », dit sur le ton du regret Sandrine Gropp, directrice du service de documentation de l’université, qui a rouvert fin mai.
Des protocoles de distanciation stricts
La vie étudiante de l’avant-16 mars pourra-t-elle reprendre à la rentrée ? Habituellement, quelque 49 000 étudiants déambulent entre les différents sites de l’université. Mais en ce début d’été, seules les cigales se font entendre dans les immenses bâtiments des facultés disséminés un peu partout dans la ville. L’heure est à la préparation de la rentrée 2020, et les patrons d’université se décarcassent pour adapter le fonctionnement à la circulaire ministérielle sur les conditions d’accueil des étudiants, tombée sur leur bureau le 11 juin.
Le document du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation est presque clair : il faudra reprendre les cours, rouvrir les salles de travail collectif, les restaurants universitaires, les bibliothèques… mais aussi « maintenir la distanciation physique », limiter le « brassage des usagers », poursuivre le « nettoyage et la désinfection des locaux et matériels ». Un casse-tête. « Alors que la vie courante a repris, ces protocoles sont déconnectés du terrain, estime Philippe Augé, président de l’université de Montpellier. Avec ce document, la ministre Frédérique Vidal ouvre le parapluie de protection pour anticiper tout éventuel problème à venir. »
Une rentrée « hybride »
Alors, à l’université de Montpellier, comme dans l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur du territoire, se prépare une rentrée « hybride ». C’est-à -dire une rentrée « en présentiel, mais avec la possibilité de poursuivre certains cours en distanciel, même si nous ne savons encore rien de la situation sanitaire à venir, et donc de la proportion entre les deux modalités », explique David Cassagne, vice-président de l’université de Montpellier, délégué au numérique pour la formation. Selon un sondage réalisé par le groupe de presse professionnelle AEF info auprès de vingt-six universités, la majorité des établissements tablent sur une proportion de cours en ligne comprise entre 25 % et 50 %.
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