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L’accroissement des inégalités femmes-hommes pendant le confinement en graphiques

EN UN GRAPHIQUE - Le télétravail révèle des inégalités profondes dans la sphère privée, en particulier chez les cadres, selon une étude de l’INED.

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Publié le 09 juillet 2020 à 14h54, modifié le 29 juillet 2020 à 14h52

Temps de Lecture 2 min.

Pendant le confinement, le télétravail a pu être présenté comme un privilège protégeant les cadres des risques sanitaires, contrairement aux ouvriers et aux employés du commerce, plus exposés. Pourtant, détaille une enquête de l’Institut national d’études démographiques (INED), le télétravail est aussi un révélateur de profondes inégalités… au sein du foyer.

Hommes et femmes ne sont en effet (toujours) pas logés à la même enseigne quand il s’agit de partager le temps, l’espace et les tâches domestiques. C’est ce que montre l’étude Coconel menée du 1er au 5 mai auprès d’un échantillon de 2 003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Pour celles qui ont encore un travail après deux mois de crise – une femme sur trois a vu son activité professionnelle s’arrêter (perte d’emploi, CDD non renouvelé, chômage partiel…) –, le télétravail était autant la norme que pour les hommes, mais les conditions d’exercice de ce travail à distance ont été nettement différentes.

Plus souvent entourées d’enfants (48 % des femmes en travail à distance vivaient avec un ou plusieurs enfants au moment du confinement, contre 37 % des hommes), les femmes disposaient moins souvent d’une pièce à elles, détaille l’étude.

Télétravail : les femmes peuvent moins s'isoler que les hommes

Parmi les femmes qui ont travaillé à distance pendant le confinement, 42 % devaient le faire dans une pièce partagée, contre 26 % des hommes.

Source : INED

En moyenne, un quart des femmes télétravaillaient dans une pièce où elles pouvaient s’isoler contre 41 % des hommes. Chez les cadres, cet écart se creuse : 29 % des femmes disposaient d’une pièce spécifiquement consacrée au travail, contre 47 % des hommes. « Les femmes sont les grandes perdantes du confinement, tant sur le marché du travail que dans la sphère domestique, après cinquante ans d’avancées », résume Anne Lambert, responsable de l’unité de recherche Logement, inégalités spatiales et trajectoires, à l’INED.

L’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT, dont l’étude publiée le 5 mai a interrogé 34 000 travailleurs (dont 60 % de personnes non syndiquées), arrive peu ou prou aux mêmes conclusions. « On distingue une corrélation avec la garde d’enfants, notent les auteurs de cette étude, puisque 44 % des femmes ayant des enfants de moins de 16 ans indiquent ne pas pouvoir travailler au calme, chiffre qui atteint seulement 31 % chez les hommes. »

Difficulté à cloisonner

Pour près de la moitié de ces mères qui ont continué à travailler, c’est environ quatre heures supplémentaires par jour à s’occuper des enfants (mais pour un quart seulement des pères). « Cette situation affecte davantage les femmes en télétravail qui, dès lors que leur emploi était télétravaillable, n’avaient pas droit à un arrêt garde d’enfants », détaille l’étude.

Au moins 4 heures supplémentaires à s'occuper des enfants pour la moitié des mères en télétravail

Parmi les parents d’enfants de moins de 16 ans qui ont continué à travailler à distance, 47 % des femmes et 26 % des hommes disent passer plus de 4 heures supplémentaires par jour à s’occuper de leurs enfants.

Une situation de « double peine » que décrit aussi l’Insee dans sa note du 19 juin : parmi les femmes qui n’ont pas eu de congés pour garde d’enfants, « 45 % assuraient une “double journée” professionnelle et domestique, cumulant quotidiennement plus de quatre heures de travail et quatre heures auprès des enfants, contre 29 % des hommes ». D’après l’Institut national des statistiques, parmi les personnes en emploi, les mères ont deux fois plus souvent que les pères renoncé à travailler pour garder leurs enfants (21 % contre 12 %).

« Contrairement aux hommes, qui sont parvenus à imposer qu’il ne faut pas les déranger pendant une partie de la journée, les femmes, qui ont la charge des relations au sein de la famille, ne cloisonnent pas. Elles doivent rester disponibles », analyse le sociologue François de Singly.

Cette disponibilité et la fatigue liée aux tâches elles-mêmes ont conduit plusieurs spécialistes à alerter sur le risque de creusement des inégalités pendant le confinement. En période ordinaire, à la maison, les femmes s’acquittent de 72 % des tâches ménagères et 65 % des tâches parentales, pour en moyenne une heure et demie de travail quotidien supplémentaire par rapport aux hommes, selon une enquête de l’Insee de 2012.

La série « En un graphique » des Décodeurs éclaire l’actualité sous forme visuelle. Retrouvez tous les articles dans notre rubrique.
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