Il rêvait de voler très haut dans les airs, la crise l’a fait redescendre sur terre. Excellent élève au lycée Saint-John-Perse à Pau (Pyrénées-Atlantiques), Fabien Delcan, 17 ans, a travaillé dur pour suivre la voie de son père, pilote privé et contrôleur aérien. L’année dernière, en classe de première, il a passé son brevet d’initiation aéronautique : mention très bien, motivation au sommet.
En début de confinement, Fabien Delcan a même commencé à s’entraîner à des tests psychotechniques pour intégrer la fillière « cadets » d’Air France, qui forme des pilotes en deux ans. Mais patatras, le voilà poussé à l’atterrissage forcé. « Cela faisait des années que j’imaginais mon avenir dans l’aéronautique. Mais puisque le secteur se casse la gueule, je revois mes ambitions à la baisse. » Alors qu’il avait été accepté sur Parcoursup dans une prestigieuse classe préparatoire scientifique à Orsay, en région parisienne, il a décidé de choisir une option « plus proche et plus facile ». A savoir une prépa à Bordeaux, quitte à se fermer les portes des écoles les plus sélectives : « Je ne vois plus l’intérêt de faire 700 kilomètres, je n’ai plus les mêmes motivations », dit-il. Mais la prise de conscience de Fabien est aussi écologique : « Aujourd’hui, l’avion, ce n’est pas indispensable, ça n’a même pas vraiment de sens. Alors qu’est-ce que je fais pour la planète ? Qu’est-ce que je fais pour moi ? C’est difficile mais je veux essayer de trouver un domaine plus vert, plus durable ».
S’il est encore trop tôt pour en mesurer tous les effets, la crise sanitaire a déjà – et aura – un impact sur l’orientation des jeunes. Etudier plus près de chez soi, prolonger ses études, renoncer à un départ à l’étranger ou à une filière sinistrée, bifurquer vers un métier « qui a du sens »…. Cette période inédite, associée pour beaucoup à des moments de remise en question, a fait bouger les lignes et brouillé les repères, dans un contexte extraordinairement précaire et incertain.
Se rapprocher de son domicile
« Comment éclairer sa décision, sur quels critères se baser, quand on ne sait même pas de quoi la rentrée sera faite ? » interroge le consultant Manuel Canévet, fondateur d’une agence de conseil en communication qui accompagne des établissements d’enseignement supérieur. Selon un sondage réalisé par l’IFOP pour Canévet et Associés, du 6 au 14 mai, auprès d’un échantillon de lycéens et d’étudiants, un bachelier sur quatre affirme que la crise a une influence sur son choix de filière. Parmi eux, 73 % déclarent vouloir privilégier des formations plus proches de leur domicile et 65 % préfèrent opter pour des formations moins onéreuses.
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