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Cinema-goers watch a movie observing social distancing rules in a film theatre on June 22, 2020 in Paris, following the reopening of French theatres as France eases again the measures taken to curb the spread of the COVID-19 pandemic, caused by the novel coronavirus. (Photo by THOMAS COEX / AFP)
THOMAS COEX / AFP

Une consommation culturelle fracturée

Par  et
Publié le 10 juillet 2020 à 05h43, modifié le 10 juillet 2020 à 22h02

Temps de Lecture 13 min.

Cette étude marque une date. Une rupture aussi. Pendant près d’un an, des sociologues du ministère de la culture ont interrogé 9 200 Français âgés de 15 ans et plus sur leurs pratiques culturelles. Non pas quels livres ils préfèrent, mais s’ils lisent un peu, beaucoup ou pas du tout. Même chose pour le théâtre, le cinéma, la musique, les musées, les monuments, les bibliothèques, la radio ou la télévision. Ou encore pour les pratiques numériques – les sites de vidéo comme YouTube, les plates-formes de streaming, les jeux vidéo, etc. Sans oublier enfin les pratiques en amateur.

Le ministère de la culture réalise cette étude tous les dix ans environ. La première date de 1973. Celle de 2020, dont les résultats sont dévoilés vendredi 10 juillet, peut être appréciée de deux façons. D’un côté, jamais les Français n’ont autant « consommé » de culture, quels que soient leur âge, leur statut social et le lieu où ils habitent. Mais jamais la fracture n’a été aussi forte entre la culture classique ou patrimoniale, que Pierre Bourdieu nommait « légitime » (lecture, théâtre, musique classique, musées, cinéma), et la culture numérique liée à Internet, la musique notamment, mais aussi la vidéo en ligne. Une fracture qui recoupe en partie celle entre la culture de sortie et la culture de salon.

Surtout, ces deux mondes ne connaissent pas la même dynamique. La culture classique ou patrimoniale, selon les arts, voit son audience baisser, stagner ou augmenter parfois. Le plus souvent son public vieillit, habite dans les villes et appartient à des milieux sociaux aisés ou diplômés. Les femmes sont aussi plus nombreuses que les hommes. Pour ne prendre qu’un exemple, dans les années 1970, les 15-24 ans ayant assisté à un spectacle de théâtre ou à un concert de musique dans l’année étaient en moyenne trois fois plus nombreux que les 60 ans et plus. L’écart a presque disparu en 2018 : les jeunes sont moins nombreux, remplacés par les plus âgés.

Bascule

En revanche, l’autre monde, celui qui nage dans le numérique, visuel ou sonore, est en pleine explosion. Il est porté par un public jeune, plus masculin que féminin, issu de tous les milieux sociaux, et réside autant en ville qu’à la campagne. Il existe bien sûr des passerelles entre ces deux mondes, mais elles tendent à se raréfier. Aussi une bascule est-elle en marche.

Depuis cinquante ans, notre paysage culturel est en effet structuré par les baby-boomeurs (nés entre 1945 et 1955), très gros consommateurs de culture « classique ». Tout au long de sa vie, cette génération a été la première à disposer des moyens financiers suffisants pour sortir et se divertir. Problème, les baby-boomeurs ne sont pas immortels. Peu à peu, ils sont remplacés par un public plus éclectique qui invente une autre culture et une autre façon de la consommer. Un public qui lit beaucoup moins et va moins au spectacle que ses aînés, ce qui pose, à terme, le problème de la survie de cette culture classique.

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