Les 33 mesures dévoilées mardi 21 juillet par le gouvernement, dans le cadre des conclusions du Ségur de la santé, ne sont pas toutes spectaculaires. Mais mises bout à bout, elles indiquent un changement de philosophie pour le système de soins, épuisé par des années de restrictions budgétaires, et fortement éprouvé par la crise sanitaire due au Covid-19. « Nous avons agi vite et fort parce qu’il le fallait », a avancé Olivier Véran, ministre de la santé, pour qui « il s’agit de remettre de l’humain, mais aussi des moyens et du sens dans notre système de santé ».
Gouvernance, investissements, financement… Le gouvernement s’est attaqué à différents leviers pour « accélérer » la « transformation du système de santé ». Un plan plutôt bien accueilli par le Collectif inter-hôpitaux, le collectif de soignants qui avait organisé la démission de près de 1 200 chefs de service fin 2019, pour alerter sur la gravité de la situation dans les hôpitaux. « Cela va dans le bon sens, estime Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Bichat et membre du collectif. Mais tout va dépendre de la mise en œuvre de ces propositions, plusieurs d’entre elles restent encore floues. »
Il y avait urgence à répondre à la colère des soignants. Emmanuel Macron l’a reconnu le 15 mai, lors d’un déplacement à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière : « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie » des réformes engagées depuis 2017 dans la santé, avait-il déclaré. Bien avant la crise sanitaire, plus de la moitié des services d’urgence s’étaient mis en « grève », et les signaux d’alerte du malaise à l’hôpital se multipliaient, avec des mobilisations répétées chez les soignants.
Cette « ultime étape » du Ségur de la santé – la concertation enclenchée avec les soignants au lendemain de la crise sanitaire – intervient après de premiers accords signés le 13 juillet prévoyant une enveloppe de 8,2 milliards d’euros, destinée à augmenter les salaires des personnels hospitaliers. Les autres mesures annoncées mardi, à l’issue de six semaines de discussions, visent à « libérer les établissements de santé et les personnels d’un certain nombre de contraintes » et à « redonner du pouvoir d’initiative et de décision à celles et ceux qui soignent », a assuré Nicole Notat, l’ancienne numéro un de la CFDT en charge de l’animation des discussions.
4 000 lits « à la demande »
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