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Comment les éoliennes françaises se préparent déjà à leur seconde vie

A partir de 2023, en moyenne 1 gigawatt de capacités de production électriques éoliennes arriveront en fin de vie, chaque année. Les développeurs de parcs renouvelables veulent réinvestir dans ces sites qui bénéficient d'une exposition au vent très favorable.

A partir de 2023, au moins 1 gigawatt de capacités de production électriques éoliennes arriveront en fin de vie, chaque année.
A partir de 2023, au moins 1 gigawatt de capacités de production électriques éoliennes arriveront en fin de vie, chaque année. (iStock)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 22 juil. 2020 à 17:14Mis à jour le 22 juil. 2020 à 18:19

Discrètement et alors que les éoliennes peinent toujours à se faire une place dans le paysage français, les premières générations de turbines se rapprochent de l'âge de la retraite. Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), près de 400 mégawatts de capacités de production atteindront 15 ans d'exploitation cette année et sortiront des mécanismes de rachat d'électricité noués avec l'Etat.

Le mouvement promet de s'accélérer très rapidement et, avec lui, les chantiers de rénovation des parcs existants qui seront essentiels pour maintenir le rythme de la transition énergétique . En moyenne, un gigawatt de capacité de production électrique éolienne doit sortir des tarifs de rachat garanti par l'Etat chaque année à partir de 2023, un niveau équivalent aux deux tiers des capacités nouvelles mises sur le marché chaque année !

Les développeurs sont sur le pont

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Les développeurs sont déjà tous sur le pont. Le spécialiste des parcs éoliens RES vient ainsi d'annoncer la signature d'un contrat avec le fournisseur d'électricité Suisse Alpiq afin d'engager le renouvellement de son parc éolien à Gravières (Ardèche). A la clé pour Alpiq ? Une hausse de la production d'électricité du parc de 30 % grâce à la mise en place de machines plus puissantes. « Les meilleurs sites en termes d'exposition au vent ont été équipés les premiers il y a près de vingt ans et aujourd'hui la technologie permet d'obtenir un rendement bien meilleur. Dans les meilleurs projets, on peut espérer doubler voir parfois tripler la capacité de production d'un parc éolien », atteste Christophe Soulier, responsable « repowering » chez RES.

Tous les parcs éoliens ne peuvent pas y prétendre. Ceux qui se sont installés dans des zones où la réglementation ne les autoriserait plus aujourd'hui pourraient disparaître. D'autres encore, qui ne pourraient pas accueillir des machines plus puissantes à cause de contraintes environnementales ou militaires, par exemple, pourraient voir leur équation économique s'affaiblir.

Des gisements de vents plus élevés que la moyenne

Globalement, pour les développeurs éoliens, la rénovation de parcs existants présente toutefois beaucoup d'intérêt. Les gisements en vents sont souvent plus élevés que la moyenne et l'accueil des riverains en général plus amical. Le sujet est essentiel pour la filière qui voit ses temps de développement s'allonger au fil des litiges.

« L'acceptabilité locale des parcs est généralement très favorable pour ces projets, les élus et les habitants connaissent l'éolien depuis vingt ans », confirme Nicolas Couderc, directeur général adjoint EDF Renouvelables France. La filiale d'EDF vient d'achever le renouvellement d'un parc éolien en Guadeloupe et prévoit d'« engager une dizaine de chantiers par an à partir de 2023 ».

Mais pour effectivement raccourcir leurs délais de développement, les projets de parcs éoliens doivent aussi convaincre l'administration locale d'appliquer une procédure d'autorisation simplifiée. Un exercice pas toujours compatible avec les ambitions de gigantisme de l'industrie.

Ne pas déconstruire

« Si la nouvelle éolienne est 10 % plus grande que celle initiale, l'administration considère qu'il s'agit d'une « modification non-substantielle » du projet. A l'inverse, si elle est 50 % plus grande, elle considère qu'il s'agit d'une « modification substantielle ». Le développeur doit alors engager tout un nouveau processus d'autorisations. Et entre ces deux limites, c'est laissé à l'appréciation du préfet », concède Nicolas Couderc. Le sujet est clé pour les développeurs qui cherchent à minimiser leurs coûts de production pour candidater aux appels d'offres de l'Etat, ouverts sans distinction aux parcs éoliens rénovés et aux installations nouvelles. Et ainsi bénéficier des mécanismes de soutien à la filière.

Anticipant des effets d'aubaine, la Commission de régulation de l'énergie alerte : « Nous craignons que des parcs rénovés surévaluent leur prix dans leur dossier de candidature aux appels d'offres où ils sont mis en concurrence avec des parcs neufs structurellement plus chers à construire ». Dans un avis rendu il y a un an, le régulateur plaidait pour ouvrir des appels d'offres réservés aux parcs rénovés et pour imposer une période de vingt ans minimale pour bénéficier d'un nouveau mécanisme de soutien public. Faute de quoi, « on risque d'inciter à déconstruire des parcs financés grâce à un soutien public alors qu'ils pourraient continuer à fonctionner pendant au moins cinq ans, voire dix ans », plaide le régulateur. Ces recommandations sont pour le moment restées lettre morte.

Sharon Wajsbrot

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