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Le gouvernement annonce son «plan jeunes» à 6,5 milliards d’euros

SEBASTIEN BOZON/AFP

La prime de 4000 € à l’embauche d’un jeune à la rentrée concernera les salaires jusqu’à deux smics.

Après un dernier round de concertation, le premier ministre, Jean Castex, et la ministre du Travail, Élisabeth Borne, ont dévoilé ce jeudi, le très attendu «plan jeunes». «Le gouvernement a décidé de mettre le paquet sur l’emploi des jeunes parce que nous savons qu’en temps de crise ce sont ceux qui ‘morflent’ les premier», a dit Jean Castex depuis Besançon.

Et une semaine après la présentation d’un «dispositif exceptionnel d’exonération des charges pour les jeunes» par le chef de l’État à l’occasion de sa prise de parole du 14 Juillet, l’exécutif a quelque peu changé son fusil d’épaule…

Après de nombreuses tergiversations et hésitations entre Bercy et le ministère du Travail, c’est finalement l’idée d’une «compensation de cotisations» à hauteur maximale de 4000 euros qui a été retenue et présentée, mardi, aux organisations syndicales et patronales.

«C’est un jeu de sémantique, mais il s’agira bien d’une prime» commente un participant à la réunion. Jusqu’à présent, et comme l’avait évoqué Emmanuel Macron, cette aide devait être réservée à toute embauche d’un jeune de moins de 25 ans pour un salaire ne dépassant pas 1,6 smic. Un plafond qui excluait de fait les étudiants du supérieur qui disposent d’une rémunération plus élevée. Si le paramètre d’âge ne doit pas bouger, le gouvernement a toutefois lâché un peu de lest en réévaluant le plafond de l’aide à 2 smics. Un geste qui devrait convenir au patronat qui appelait depuis plusieurs semaines à élever ce seuil pour ne pas laisser sur le côté les bac+3 à bac+5.

Au total, le gouvernement table sur l’embauche de 450.000 jeunes.

En ce qui concerne les modalités, cette prime valable un an - et dont les entreprises pourront bénéficier pour les embauches du 1er août au 31 janvier 2021 - se traduira par un versement trimestriel aux employeurs, dans la limite de 1000 euros. «Concrètement, les entreprises avanceront toujours les cotisations salariales - ça ne concerne pas les cotisations patronales, car les employeurs en sont déjà exonérés sur les plus bas salaires -, mais elles seront par la suite remboursées par l’Agence de services et de paiement (ASP) de l’État», détaille un participant. Jusqu’à présent, les syndicats étaient farouchement opposés à un dispositif d’exonération de charges qui aurait eu comme conséquence d’affaiblir le financement de la Sécurité sociale. Ce mécanisme est donc plutôt bien accueilli.

En revanche, et là c’est une véritable déception pour les syndicats, les entreprises pourront bénéficier de cette prime pour les CDI mais aussi pour les CDD d’un minimum de trois mois.

Effet d’aubaine

«Un emploi durable, selon la définition de l’Insee, c’est au moins six mois. Il faut s’attendre à un lourd effet d’aubaine avec des recrutements temporaires et aucune embauche pérenne. Ce n’est pas comme ça qu’on sauvera l’emploi», s’indigne un délégué syndical. Vendredi dernier, Philippe Martinez, le leader de la CGT, estimait nécessaire de n’allouer cette prime que pour les CDI.

Par ailleurs, l’exécutif a réaffirmé sa volonté de créer 300.000 parcours d’insertion et 100.000 places en insertion par l’activité économique (IAE) à répartir dans les territoires avec les acteurs locaux.

Par ailleurs, le plan marque aussi le retour des «contrats aidés» dans le secteur marchand, qui avaient été supprimés en 2017 par la nouvelle majorité (sauf en outremer), mais en les ciblant sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi. Sont ainsi prévus 60.000 «contrats initiative emploi» (CIE) pour des jeune rencontrant des difficultés particulières d’insertion dont une partie du salaire est financée par l’Etat.

Et pour les jeunes en échec dans l’enseignement supérieur, 100.000 formations qualifiantes ou pré-qualifiantes seront proposées «dans les métiers d’avenir» (transition écologique, santé, numérique, secteurs prioritaires du plan de relance).


Baisse historique des déclarations d’embauche au deuxième trimestre

Il fallait s’y attendre, mais l’annonce reste douloureuse… Les embauches de plus d’un mois ont connu une «baisse historique» au deuxième trimestre, d’après le dernier rapport de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss). En raison du confinement et de la baisse d’activité économique, les recrutements se sont effondrés de 40,1 % avec une diminution plus marquée des CDI (43,7 %) que des CDD (36,6 %).

La Dares a par ailleurs indiqué dans le tableau de bord qu’elle publie toutes les deux semaines que 4,5 millions de salariés auraient effectivement été en activité partielle au mois de juin 2020, pour un total de 231 millions d’heures chômées.

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217 commentaires
  • latorpille

    le

    la macronie cajole son électorat en vue des présidentielles !

  • MOUTON REFLECHI

    le

    C'est bizarre que personne ne voit l'un des effets pervers qu'il risque d'y avoir : à savoir l'embauche de jeunes... puis le licenciement d'anciens(es) !
    Ce sont les anciens qui vont se retrouver au chômage car la France est handicapée par son coût du travail pour qu'il y soit créé des emplois supplémentaires !....

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