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"Les jeunes ont des valeurs qu'ils veulent retrouver en entreprise"

Dans un contexte où les technologies réorientent les métiers, proposer une offre de formation en adéquation avec la demande des entreprises est complexe. A cela s'ajoute le fait que les attentes des jeunes évoluent elles aussi.

Regard croisé entre Aldric Boulangé, vice-président de l’école de commerce Ascencia Business School, et Emelyne Verbecque, assistante chargée de développement RH chez Apixit (spécialiste de la cybesécurité)

Comment les écoles préparent-elles les jeunes aux métiers de demain ?

 Aldric Boulangé : De nombreux observatoires et livres blancs paraissent sur les métiers de demain. De notre côté, nous mettons en place pour chaque filière, dans le cadre des titres RNCP, une veille prospective ayant un double objectif : faire évoluer les programmes mais aussi détecter les métiers de demain et auxquels il faut préparer les étudiants. Ces nouveaux métiers ne peuvent s’enseigner de façon traditionnelle, ce qui suppose une réelle ingénierie pédagogique et une innovation des méthodes d’enseignement. 

Quelles sont les attentes de la nouvelle génération ?

 Emelyne Verbecque : Les jeunes ont des valeurs qu’ils entendent retrouver dans l’entreprise. Ils sont en quête d’un accompagnement dans leur développement, leurs compétences et leurs projets. Ils attendent également, et c’est leur préoccupation première, un réel bien-être au travail. Pour eux, l’entreprise doit être dynamique et à l’écoute. Autre facteur d’importance : l’ambiance de travail, déterminante dans le choix du poste.

Que constatent les entreprises lorsqu’elles accueillent ces jeunes ?

AB : Les entreprises sont conscientes qu’il est difficile de répondre parfaitement aux demandes des jeunes mais exigent que ces derniers adoptent un comportement professionnel (tenue, horaires, respect des codes…) en associant savoir être et savoir. Le savoir-faire se coconstruit avec l’entreprise.
EV : Les jeunes ont des attentes différentes de celles de leurs aînés. Ils souhaitent un épanouissement via leur travail, et y être heureux. Ils espèrent que l’entreprise les formera aux évolutions liées à leurs métiers.

Que faudrait-il améliorer ?

AB : Afin d’améliorer les relations écoles/entreprise, il semble judicieux de considérer les OPCO comme de vrais partenaires et bénéficier de leurs conseils, étant donné qu’ils connaissent les métiers branche par branche. Cela suppose de créer des relations avec eux et de ne pas les considérer uniquement comme financeurs de formation.

EV : L’entreprise doit innover et se réinventer pour séduire les jeunes talents. De même, elle doit désormais être attentive à la QVT (qualité de vie au travail). En effet, les jeunes générations entendent concilier vie personnelle et vie professionnelle : l’entreprise doit donc être en mesure de proposer un aménagement du temps de travail.

Propos recueillis par Frédérique Guénot