Alors que l'exécutif planche sur son plan de relance post-crise, certains acteurs veulent apporter leur pierre à l'édifice. C'est le cas de WWF France, qui vient de publier une vaste étude concernant l'impact d'un véritable plan de relance “vert” sur l’emploi dans les secteurs de la transition écologique. Ce rapport, réalisé avec l'aide du cabinet d'audit EY et dénommé “Monde d'après : l'emploi au cœur d'une relance verte”, WWF France va le remettre au gouvernement, ce vendredi 10 juillet.

“Les secteurs de la transition écologique sont de véritables leviers pour la génération d’emplois”, insiste Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France. Dans le détail, ce sont les domaines de la rénovation énergétique des bâtiments résidentiels et tertiaires, de la production d’électricité et de chaleur renouvelables, des transports ferroviaires et transports en commun, des transports individuels (voiture électrique ou hybride, vélos…) et de l’agriculture bio qui ont le plus de potentiel en termes d’embauches d’ici à 2030.

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A une condition toutefois : que l’Etat mette la main à la poche pour financer un véritable plan de relance fléché vers la transition écologique. Et c’est pour cela que WWF France plaide pour la réalisation d’investissements massifs dans ces secteurs. Selon l'ONG, pour activer le potentiel d’emploi de ces secteurs verts, pas moins de 14 milliards d’euros supplémentaires devraient être investis tous les ans dans la rénovation énergétique des bâtiments, dans les énergies renouvelables et dans les transports durables sur la période 2020-2023 (en plus des 15 milliards annuels actuellement investis). Une somme colossale… mais qui pourrait très significativement soutenir l’emploi dans les secteurs verts, et surtout créer de la richesse. “Chaque euro investi par le gouvernement dans un plan de relance vert générerait en moyenne une valeur ajoutée (richesse créée par les entreprises) de 2,8 euros en 2022 et 3,2 euros en 2030”, détaillent ainsi WWF France et EY dans leur étude.

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Pour chacun des six secteurs “verts”, WWF France et le cabinet EY ont comparé deux scénarios : un scénario qui se base sur les engagements actuels pris par l’exécutif en termes de transition écologique, ainsi qu’un scénario de “relance verte”, qui prend en compte des objectifs plus ambitieux, en intégrant les positions portées par le WWF, par la consultation citoyenne “Inventons le Monde d’Après” menée sur la plateforme Make.org, par la Convention citoyenne pour le climat, ainsi que des entretiens menés avec une vingtaine d’entreprises, des acteurs des secteurs étudiés, des collectivités territoriales et des associations d'élus.

Et le résultat est clair : en s’engageant dans un véritable plan de relance vert, et donc en investissant dans la rénovation énergétique des bâtiments, dans le développement des énergies renouvelables, dans de l’électromobilité, dans des transports en commun durables, du vélo, de l’agriculture bio ou encore du tourisme vert, pas moins d’un million d’emplois seraient soutenus (maintenus et créés) d’ici à 2022. Et d’ici à 2030, un plan de relance vert soutiendrait 1,8 million d’emplois dans les secteurs de la transition écologique. Voici le détail par secteur.

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1. Transports individuels (automobile et vélo)

Un plan de relance vert, qui stimulerait fortement le secteur des véhicules à très faibles émissions, pourrait permettre de soutenir 328.000 emplois en 2030, soit… 30 fois plus qu’en 2019 ! Pour réaliser un tel scénario, l’Etat devrait investir un milliard d’euros par an supplémentaires sur la période 2020-2023, puis 3 milliards d’euros supplémentaires par an sur 2024-2030, notamment dans la production et la distribution de voitures électriques et hybrides rechargeables, ainsi que dans la mise en place de bornes de recharge.

Le nombre d'emplois soutenus par les activités liées au vélo (hors tourisme) pourrait, quant à lui, plus que tripler dans le scénario de “relance verte”, pour atteindre le nombre de 352.000 en 2030. “Une part importante de ces emplois concerne la construction des pistes cyclables et les matériels de stationnement de vélos ainsi que le secteur de la logistique, en particulier les coursiers et les employés à vélo de La Poste”, explique WWF France. Là encore, un investissement important de l’Etat sera important pour y parvenir : 2 milliards d’euros par an supplémentaires entre 2020 et 2030.

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2. Rénovation énergétique des bâtiments

Dans le secteur de la rénovation énergétique, un plan de relance vert permettrait de passer de 167.000 à 406.000 emplois soutenus entre 2019 et 2030. Ce scénario de “relance verte” se base sur la proposition de la Convention citoyenne pour le climat de rendre obligatoire la rénovation énergétique des bâtiments d’ici à 2040. D’ici à 2030, les passoires énergétiques devront être rénovées pour atteindre le niveau C. “Ce type de rénovations implique une multitude de gestes. Le renforcement des effectifs existants devra donc être accompagné d’un programme ambitieux de formation, voire de reconversion, des salariés actuels du secteur du bâtiment et des futurs salariés”, insiste WWF France dans son rapport.

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3. Energies renouvelables

Dans le domaine des énergies renouvelables, un plan de relance vert (investissement de 4 milliards d’euros par an supplémentaires entre 2020 et 2023, puis de 7 milliards par an jusqu'en 2030, notamment dans les filières solaire et éolien) soutiendrait 256.000 emplois d’ici à 2030, soit une augmentation de près de 70% par rapport à 2019. “Ces emplois concernent principalement les développeurs, les fabricants d’équipements, les constructeurs, les exploitants, les opérateurs de maintenance et les producteurs de matières premières pour les bioénergies”, précise WWF France.

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4. Vélo-tourisme

Le tourisme est l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire actuelle. Le soutien à ce secteur “est prioritaire pour le maintien de l’emploi en France”, souligne WWF France dans son rapport, avant d’ajouter que “la relance est l’occasion de doter le secteur du tourisme d’une réelle stratégie de durabilité et de résilience, ce qui implique que la relance intègre des contreparties claires en faveur de la transition écologique”. Dans ce secteur, l’ONG a fait le choix de s’intéresser à un domaine plus particulier : celui du vélo-tourisme, “pour lequel la France dispose d’un potentiel de développement majeur”. En effet, l’Hexagone dispose actuellement de 17.000 kilomètres d’itinéraires cyclables existants. Et l’objectif de France vélo tourisme est d’atteindre plus de 25.000 kilomètres en 2030.

Plus exactement, l’étude estime le nombre d’emplois soutenus par les dépenses touristiques lors des séjours en vélo. Le scénario “engagements actuels” se base sur les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour le vélo. La SNBC vise une part modale du vélo de 12% en 2030, ce qui ferait presque doubler la fréquence de pratique du tourisme à vélo en 2030 par rapport à la situation actuelle. L’hypothèse d’un plan de relance vert, quant à elle, est basée sur le scénario volontariste présenté dans les travaux menés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) sur l’impact économique du vélo en France. Dans ce scénario, en 2030, la part modale du vélo atteint 24% et la fréquence de pratique du tourisme à vélo triple par rapport à la situation actuelle.

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Un scénario “relance verte” permettrait de tripler, en 2030, le nombre d’emplois soutenus via les dépenses réalisées lors des séjours touristiques à vélo. “Cela s’explique par le fait que le niveau de dépense d’un touriste à vélo est plus élevé que celui d’un touriste non cycliste : il dépense beaucoup plus en hébergement (ayant moins recours aux hébergements non marchands) et en restauration (ayant plus recours au restaurant)”, analyse WWF France.

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5. Transport ferroviaire et transports en commun

Avec un plan de soutien ambitieux de 2,5 milliards d’euros supplémentaires par an entre 2020 et 2023, puis de 4 milliards entre 2024 et 2030, le nombre d’emplois soutenus par le secteur des transports ferroviaires et des transports en commun pourrait passer de 93.000 en 2019 à 137.000 en 2030. “La création d’emplois dans ce secteur repose principalement sur les infrastructures, c’est pourquoi les emplois générés ne le sont pas systématiquement sur le long terme, mais ils ne sont pas délocalisables. Cependant, les investissements dans la modernisation du réseau sont indispensables et vont être des créateurs importants d’emplois”, détaille WWF France.

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6. Agriculture biologique

Le scénario “relance verte” s’appuie ici sur l’ambition que 100% de la surface agricole utile soit convertie en agriculture biologique en 2050. Tandis que le scénario “engagements actuels” se base sur les objectifs fixés par la loi EGalim et les Etats généraux de l'alimentation en termes de surface agricole utile en agriculture biologique, qui visent d’atteindre 15% de surface agricole française cultivée en bio (ou en conversion) à l’horizon 2022 et 30% à l’horizon 2030. Dans ce dernier scénario, seuls 77.000 emplois seraient soutenus dans le domaine de l’agriculture biologique, contre 135.000 avec un plan de relance vert ambitieux.