Face à l'impact dévastateur de la pandémie de coronavirus sur l'économie française, le gouvernement va devoir se retrousser les manches... Impulser un vaste plan de rénovation énergétique, des transports bas carbone… seule une relance verte pourrait dégager l'horizon d'une France qui va subir une crise économique massive, estime Gaël Giraud, ex-chef économiste de l'Agence française de développement (AFD). Le plan de relance français de l'économie sera dévoilé à l'automne.

De son côté, la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne reconnaît, dans un entretien avec l'AFP, qu'il n'y aura pas de "projet pharaonique", mais évoque la rénovation thermique des bâtiments publics ou encore un soutien au rail. Mais dans un budget restreint, comment la France peut-elle financer la transition écologique ? Peut-elle s'inspirer de l'exemple de la Belgique, où les consommateurs sont incités depuis plusieurs années à acheter des biens et services respectueux de l'environnement avec des écochèques ?

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"L'enjeu aujourd'hui, c'est d'arriver à concilier cette attente d'écologie avec des inquiétudes qui vont forcément monter sur les conséquences économiques et sociales de la crise. Et là, certains peuvent présenter l'écologie comme une contrainte! Moi, je suis convaincue que l'écologie est au contraire une opportunité. Le président l'a affirmé dans son allocution: elle sera au cœur du plan de sortie de crise. La transition écologique est la meilleure stratégie. C'est elle qui nous permet de créer des emplois non délocalisables, dans tous les territoires", souligne Elisabeth Borne.

On ne peut pas raisonner uniquement en euros, faire comme s'il n'y avait pas de coût écologique : continuer à émettre des gaz à effet de serre nous envoie dans le mur, selon elle. "Etre dépendants d'énergies fossiles dont les cours fluctuent, c'est contraire à la résilience et à la souveraineté de notre société", souligne-t-elle. "Faire repartir l'économie avec des projets pharaoniques qui ne verront le jour que dans très longtemps, ce n'est pas le sens. La régénération du réseau ferroviaire, le développement des capacités autour des métropoles, les petites lignes... ça me paraît le cœur du sujet", juge-t-elle.

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On compte beaucoup sur les transports publics et ferroviaires, et "évidemment la sortie de crise et la relance les prendront en compte. C'est une question de timing. On a des ambitions très fortes sur le transport ferroviaire, et donc on accompagnera la SNCF".

"Quand on aide à relancer l'industrie automobile, on booste les bonus électriques. La prime à la conversion, c'est vrai, bénéficie aussi à des voitures thermiques. Les ventes annuelles, c'est 2 millions de véhicules neufs, 4 à 5 millions d'occasion : si on veut répondre au besoin de changement de voiture, ça ne peut pas se faire en encourageant seulement des électriques. Passer à des véhicules (thermiques) de dernière génération réduit considérablement la consommation, les gaz à effet de serre et la pollution".

Sur l'hydrogène (qui sera en bonne place dans du plan de relance allemand), grand axe de Nicolas Hulot quand il était au gouvernement, "il faut accélérer. Je crois à l'hydrogène vert sur la mobilité, l'industrie et comme composant de notre équilibre énergétique pour le stockage des énergies intermittentes. On a lancé un appel à manifestations d'intérêt pour changer d'échelle. On a reçu 160 projets, qu'on regarde. Ça fera clairement partie du plan de relance", souligne Elisabeth Borne.

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La reconstruction écologique passera aussi par la rénovation thermique de nos bâtiments. "Il faut radicalement accélérer sur les bâtiments publics et, spécifiquement en sortie de crise, on a l'enjeu des hôpitaux et Ehpad. Après la canicule de 2003, les Ehpad ont mis en place une pièce rafraîchie, mais on voit bien que, si on a une canicule précoce, soit on laisse les personnes âgées dans leur chambre, soit on les regroupe dans la pièce rafraîchie ce qui n'est pas du tout ce qu'on doit faire en période de crise sanitaire. On doit donc accélérer sur cette rénovation des hôpitaux, des Ehpad, et puis des écoles. Sur les logements, on attend beaucoup des propositions de la Convention citoyenne sur le climat (qui s'achève le weekend du 20 juin)", indique-t-elle.