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Nouveau record du nombre de demandeurs d’emploi en juin

Les rangs des demandeurs d’emploi, en activité ou non (catégories A, B et C), comptent désormais 6,157 millions de personnes. Ceux de la catégorie A ont diminué de 4,6 %, mais ils représentent 4,22 millions d’inscrits, un chiffre considérable.

Par  et

Publié le 27 juillet 2020 à 12h31, modifié le 28 juillet 2020 à 09h40

Temps de Lecture 4 min.

Dans une agence Pôle emploi d’Antibes (Alpes-Maritimes), le 29 juin.

La crise économique déclenchée par l’épidémie de Covid-19 sort tellement de l’ordinaire qu’elle rend malaisée l’interprétation des chiffres. En juin, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a diminué, sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris), de près de 205 000, selon les données diffusées, lundi 27 juillet, par Pôle emploi et par la Dares – la direction du ministère du travail chargée des études.

C’est « la baisse mensuelle la plus forte observée depuis le début » de cette série statistique, en 1996. Elle représente un nouveau recul, de 4,6 %, qui se révèle encore plus marqué que celui relevé le mois précédent (– 3,3 %). Il y aurait donc tout lieu de se réjouir.

Mais ces tendances, positives de prime abord, sont contrebalancées par d’autres indicateurs qui démontrent que le marché du travail se trouve toujours en état de choc. D’abord, les effectifs de la catégorie A demeurent considérables, à 4,22 millions en juin (4,407 millions si on raisonne en moyenne pour l’ensemble du second semestre). Jamais, au cours du quart de siècle écoulé, la barre des 4 millions d’inscrits n’avait été franchie, ce qui met en lumière l’ampleur des dégâts causés par la récession en cours.

Un record depuis 1996

Surtout, le nombre d’individus à la recherche d’un poste tout en ayant travaillé (catégories B et C) a continué d’augmenter vigoureusement en juin (+ 13,9 %), soit une progression presque aussi soutenue qu’en mai (+ 14,2 %). Au total, les rangs des demandeurs d’emploi, en activité ou non (catégories A, B et C), s’étoffent encore, mais à un rythme moins rapide qu’avant : + 31 500 en juin, contre + 61 000 un mois plus tôt et + 209 000 en avril. Ils atteignent désormais 6,157 millions (6,115 millions en moyenne, de début avril à fin juin). Soit un record depuis 1996.

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Ces résultats « ne constituent pas une surprise, commente Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Une partie des personnes, jusqu’alors comptabilisées dans la catégorie A, ont retrouvé une activité, mais plus ou moins durable, si bien qu’elles ont préféré rester inscrites à Pôle emploi, dans les catégories B et C de l’opérateur public – celles des demandeurs d’emploi ayant travaillé ».

Le redémarrage de l’économie, « indéniable » depuis la fin du confinement, a donc eu des retombées bénéfiques. « Mais il s’agit d’une reprise encore timide, offrant des perspectives incertaines en termes d’insertion professionnelle, insiste M. Heyer. La dégradation impressionnante, qui s’était produite en mars et en avril, a certes cessé, mais le chômage se maintient à de très hauts niveaux. En d’autres termes, ça va mieux, mais ça ne va pas bien pour autant. »

« Une sorte de retour à la normale »

Les statistiques dévoilées lundi reflètent « une sorte de retour à la normale », complète Andrea Garnero, de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « En mars et en avril, rappelle-t-il, ceux qui sont partis de Pôle emploi étaient beaucoup moins nombreux que d’habitude, du fait de la raréfaction des offres proposées par les entreprises. » Mais depuis, le flux des sortants est reparti à la hausse, car des candidats à un poste ont été embauchés. Cela étant, nuance M. Garnero, cette évolution « se produit dans un contexte où le chômage tend à perdurer ». « Le marché du travail se normalise sans que l’on puisse parler de rebond », renchérit François Fontaine, professeur à l’Ecole d’économie de Paris.

Si l’on ne regarde que la catégorie A, ses effectifs baissent dans toutes les tranches d’âge, mais de manière un peu plus nette chez les 25-49 ans (– 5 %) que chez les jeunes (– 4,6 %) ou chez les personnes d’au moins 50 ans (– 3,7 %). L’ensemble du territoire est concerné par cette décrue, à l’exception de la Guyane, qui « a continué à faire l’objet de mesures plus restrictives dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire », souligne la note publiée par la Dares. Enfin, le repli des effectifs dans la catégorie A est porté par la diminution du nombre d’individus « qui recherchent un métier dans la construction et le BTP, ainsi que dans l’hôtellerie et le tourisme ».

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Autant de signaux favorables illustrant la remise en mouvement de l’économie. Ce « rebond est porté par la consommation des ménages, qui se révèle plus dynamique que prévu », explique M. Heyer. En revanche, la production des entreprises, elle, se situe encore très en deçà de son niveau d’avant-crise, et il faudra du temps pour que l’écart soit résorbé.

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Conclusion : « La situation d’ensemble demeurera très dégradée au second semestre », pronostique M. Heyer. « On rentre dans le dur, confirme Bertrand Martinot, de l’Institut Montaigne. Durant les prochains mois, il va y avoir beaucoup de licenciements diffus dans les petites entreprises et de plans sociaux. » Dès lors, la question peut se résumer ainsi, d’après lui : « La rentrée en septembre sera-t-elle mauvaise ou catastrophique ? » Il ne s’agit « pas de savoir si le chômage va s’accroître, mais jusqu’à quel sommet il va culminer », abonde M. Heyer.

Dans ses projections macroéconomiques publiées le 9 juin, la Banque de France indique que le taux de chômage pourrait « atteindre un pic temporaire supérieur à 11,5 % mi-2021 », contre 8,1 % au dernier trimestre 2019. L’Unédic, l’association paritaire qui pilote le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi, table, de son côté, sur un ratio de 11 % à la fin 2020.

Quoi qu’il en soit, « il faudra sans doute de longs mois avant de pouvoir rattraper les dommages causés par la crise sanitaire, estime M. Fontaine. Le haut niveau d’incertitude risque de se traduire par des emplois plus précaires, ce que pointe la forte reprise du nombre de personnes en catégories B et C depuis mai ». M. Garnero, lui, évoque un « enracinement du chômage » susceptible de « s’inscrire dans la durée pour beaucoup de demandeurs d’emploi ». Le plus difficile est à venir.

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