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Cinéma : la crise accélère le passage du grand au petit écran

Les temps sont durs pour les exploitants de salles. Deux nouveaux films français très attendus ont finalement été vendus à des plateformes. Aux Etats-Unis, la fenêtre de diffusion des films Universal dans les salles AMC est passée de 75 jours à 17 jours.

Les cinémas ont pu rouvrir le 22 juin 2020, mais les spectateurs ne se précipitent pas.
Les cinémas ont pu rouvrir le 22 juin 2020, mais les spectateurs ne se précipitent pas. (Photo Sébastien Calvet/REA)

Par Nicolas Madelaine

Publié le 29 juil. 2020 à 17:25Mis à jour le 29 juil. 2020 à 17:50

Des deux côtés de l'Atlantique, les temps sont décidément durs pour les exploitants de salles de cinéma.

En France, deux nouveaux films vont en effet court-circuiter le passage par l'écran noir pour atterrir directement sur le petit écran de télévision, voire de smartphone : il s'agit de « Bronx », un film Gaumont par Olivier Marchal vendu à Netflix alors qu'il était promis à un beau succès salle, explique Serge Siritzki sur son blog spécialisé sur l'économie du 7e art . Et de « Brutus vs César », de Kheiron avec Thierry Lhermitte. Déjà pendant le confinement, « Forte » et « Pinocchio » étaient partis sur ces services de vidéo à la demande par abonnement (SVOD).

17 jours après la sortie en salles

Aux Etats-Unis, AMC, qui avait d'abord juré de ne plus projeter dans son réseau de salles les films d'Universal après que celui-ci avait sorti avec succès « Trolls » en location premium de courte durée (e-cinéma) en début de confinement, a fait un virage à 180 degrés. AMC et Universal annoncent en effet que les films pourront désormais être proposés en e-cinéma 17 jours après leur sortie en salle, au lieu de la fenêtre historique pour la salle aux Etats-Unis d'au moins 75 jours. En contrepartie, AMC pourra exploiter les films Universal via sa plateforme de e-cinéma et le réseau touchera une partie des recettes des films vendus par le biais de distributeurs comme Apple ou Amazon.

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Evidemment, la crise sanitaire joue un rôle énorme dans ces décisions. En France, les salles ont rouvert mais le public ne se précipite pas, puisqu'on est à un tiers de la fréquentation de l'an dernier à la même période. Aux Etats-Unis, la quasi-totalité des salles n'ont même pas rouvert, à tel point que des studios - Warner pour « Tenet » de Christopher Nolan, par exemple - se demandent s'ils ne vont pas sortir d'abord leurs blockbusters à l'étranger.

Cependant, toute la question est de savoir si le retour à la normale sanitaire arrêtera ce court-circuitage de la salle ou si le coronavirus ne fait qu'accélérer des tendances de consommation. L'industrie du cinéma américain interprète la décision d'AMC comme une digue de protection de la salle qui saute. Cela dit, un passage par la salle réussi est rémunérateur et confère une grande valeur à un film pour la suite de sa carrière.

Financement du cinéma français

En France, beaucoup de producteurs sont tentés de marcher sur les traces des quatre films achetés par Netflix et Amazon. Beaucoup ne pourront pas car ils sont financés en partie par des chaînes de télévision qui doivent remplir des obligations de financement du septième art. Si le film ne sort pas en salle, il ne peut pas être pris en compte, explique un connaisseur du secteur. Les chaînes doivent en outre remplir leur grille à un moment où les tournages ont été interrompus. Canal+ a par exemple accepté de vendre « Bronx », mais refuse d'en laisser passer d'autres aux plateformes, même si les plateformes offrent des prix très généreux.

N'empêche que l'écosystème du cinéma tricolore redoute que ses films à potentiel commercial fort filent directement vers les plateformes. Même si Netflix et consorts vont bientôt avoir des obligations de financement de la création, la filière française des salles, des télévisions et des producteurs distributeurs continuera de financer le gros du septième art. Et elle était déjà fragile avant la crise.

Nicolas Madelaine

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