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Malgré leurs bonnes évaluations, les universités américaines menacées de déclin
« Shanghaï Révolution » (1/5). Depuis sa création, en 2003, le classement mondial réalisé par un institut chinois a bouleversé l’enseignement supérieur. Aux Etats-Unis, les positions des établissements renommés masquent une situation hétérogène et en crise.
OLIVIER BONHOMME

Malgré leurs bonnes évaluations, les universités américaines menacées de déclin

Par 
Publié le 10 août 2020 à 00h56, modifié le 10 août 2020 à 15h55

Temps de Lecture 8 min.

Chaque année, le classement de Shanghaï célèbre un trompe-l’œil : la grandeur de l’université américaine. Comme bien des mystifications réussies, celle-ci repose sur un solide fond de vérité. La cinquantaine d’universités américaines qui émargent dans tous les top 100 mondiaux n’usurpent pas leur rang, de Harvard à Stanford, en passant par Columbia, Princeton, Yale ou Berkeley… Mais elles constituent l’exception qui confirme la règle. A tous les niveaux.

La réussite des étudiants ? Si 90 % de ceux des universités d’élite décrochent leur diplôme, ils ne sont que 45 % dans les facs de moindre renommée (soit près de 4 000 établissements). Pis : selon l’essayiste Kevin Carey, « au cours de leurs deux premières années d’université, 45 % des étudiants ne font aucun progrès en pensée critique, raisonnement analytique et capacités d’expression » (The End of College, Riverhead Books, 2015, non traduit).

Même constat du côté de la recherche, d’après l’essayiste Ryan Craig, autre pourfendeur du système : « En sciences, 45 % des travaux de recherche réalisés dans les universités ne sont jamais cités dans aucune publication tierce ; ce taux monte à 98 % dans les humanités [arts, langues, histoire, philosophie…]. » Là aussi, les universités d’élite, capables d’attirer des Nobel couronnés ou putatifs, sont l’exception. Font-elles mieux en matière d’insertion des diplômés ? Nul ne le sait, faute de données robustes et indépendantes. « Au mieux, les universités suivent leurs diplômés pendant six mois, relève Ryan Craig, mais il n’existe aucun système de suivi à moyen terme. » La lutte contre les inégalités ? 80 % des étudiants blancs sont dans des universités du top 500, et 75 % des minorités dans des établissements moins bien classés.

Le coût des études, enfin. Entre 1980 et 2010, les frais d’inscription ont augmenté de 600 % (un cycle de quatre ans coûte entre 100 000 et 200 000 dollars, soit entre 85 000 et 170 000 euros), et la dette étudiante atteint aujourd’hui 1 600 milliards de dollars, somme supérieure à l’encours des cartes bancaires aux Etats-Unis. Résultat, selon Ryan Craig, « la peur de la dette l’emporte aujourd’hui sur celle de ne pas avoir de diplôme ».

Après-guerre, un modèle social réussi

Comment continuer, dans ce contexte, à attirer les étudiants ? En les dorlotant. Outre des équipements sportifs et culturels dont bien des métropoles françaises envieraient les infrastructures comme la programmation, ils évoluent dans un environnement plus que bienveillant. Leurs notes sont en augmentation constante, au point que l’expression « grade inflation » (inflation des notes) est devenue un lieu commun du débat public.

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