Que deviennent les « oui si », ces étudiants soumis à un parcours adapté pour entrer à l’université, en raison d’un niveau jugé insuffisant pour intégrer une formation classique ? Depuis la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (loi ORE) de mars 2018, les néobacheliers dont le dossier sur Parcoursup a laissé apparaître de probables lacunes peuvent suivre des modules d’accompagnement ou opter pour un allongement de leurs études. Un impératif qui a parfois été perçu comme une forme de stigmatisation.
Dans un rapport publié début août, des inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et de la recherche établissent que le « devenir » des étudiants inscrits dans ces parcours « diffère sensiblement » de celui des autres. Les redoublements y sont plus fréquents, de même que les réorientations l’année suivante. Un bilan des « oui si » en demi-teinte, qui semblerait indiquer que le soutien et la remédiation ne suffisent pas à favoriser la réussite en licence des étudiants fragiles.
Dans les vinft-huit universités visitées par la mission, 7 229 étudiants (soit 8,1 % du total) ont bénéficié d’un accompagnement personnalisé en 2018-2019. Parmi eux, 35 % avaient opté pour un allongement de la durée de leurs études – la première année de licence en deux ans – et 65 % pour des modules complémentaires au cours de la première année. Bilan : à la rentrée 2019, 39 % de ces étudiants avaient quitté leur université (contre 29,4 % des étudiants sans accompagnement), et 33,4 % avaient redoublé leur première année de licence (contre 20 %). Enfin, 4,9 % s’étaient réorientés en interne, au sein de leur université (contre 5,4 %).
« Par défaut »
Seuls 22,7 % ont poursuivi leur formation en deuxième année, alors qu’ils étaient 45,3 % parmi les néobacheliers non accompagnés. De quoi questionner l’ambition de donner une vraie chance de réussite aux étudiants les plus fragiles.
« Enormément d’étudiants arrivent en première année de licence par défaut, en particulier dans les sciences humaines, explique Jean-François Lhuissier, ancien vice-président chargé de la formation à l’université du Havre. Ils auraient souhaité aller dans un BTS ou un IUT, mais ces formations étant saturées, ils se retrouvent à la fac. » Ces étudiants sont « sans illusions », et il sera plus difficile de les « accrocher » à leurs études, poursuit M. Lhuissier.
Il vous reste 53.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.