Ce n’est pas encore la rentrée à l’école élémentaire Ferdinand-Buisson de Bègles (Gironde), dans la banlieue populaire de Bordeaux. Et pourtant, ce jeudi 20 août, l’école est ouverte et la cour résonne des cris des enfants. Ils sont 31, sur les 350 élèves scolarisés pendant l’année. « L’école ouverte », c’est d’ailleurs le nom du dispositif qui accueille, les deux dernières semaines du mois d’août, des enfants considérés comme à risque de décrochage scolaire, à l’approche de la rentrée.
Le principe existe depuis plusieurs années dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais il a connu un coup d’accélérateur en 2020 : les écoles ouvertes forment l’un des trois piliers du plan « vacances apprenantes » annoncé début juin, après le confinement. Au total, « au moins 300 000 enfants » sont déjà touchés par le dispositif, a assuré le ministre de l’éducation nationale le 21 août – le bilan final, probablement plus élevé, devant être établi dans les prochains jours. Les écoles ouvertes devaient accueillir des enfants la première quinzaine de juillet, et la dernière quinzaine d’août.
Mais que fait-on, précisément, dans une école ouverte en plein été ? « Un stage de rattrapage qui nous entraîne pour le collège », explique Justine, qui fera sa rentrée en 6e dans dix jours, dans un établissement du même réseau d’éducation prioritaire. Mais Rayan, qui entre en CM1, et Hugo, en CE2, ne sont pas d’accord. « C’est pas un stage », dément Hugo. Comment faut-il l’appeler, alors ? « Les activités », tranche-t-il. La formule est en effet hybride, et c’est voulu : les écoles ouvertes doivent permettre aux enfants de renouer avec la scolarité en passant la matinée avec des enseignants. L’après-midi, le centre de loisirs – ou, selon les villes, les associations locales – prend le relais, pour des activités culturelles et sportives.
« Donner quelques billes »
Même le temps avec les enseignants ne ressemble pas à une matinée de classe normale. Les enfants, en petits groupes, ont passé la semaine à travailler sur « le sens de l’école », « l’importance de l’organisation », et la « méthodologie ». En somme, il s’agit d’abord de réapprendre le « métier d’élève », à quelques jours de cette rentrée qui, pour certains, est la première depuis de nombreux mois. « Le risque de décrochage ne vient pas que des difficultés scolaires, insiste Natalia Berton-Jacques, la directrice. Il vient aussi de la perte de sens. Certains enfants ne comprennent pas pourquoi on vient à l’école. » L’équipe a monté le projet qui lui semblait « le plus cohérent » vu les délais entre l’annonce du plan, début juin, et les vacances : « Chacun a un peu bricolé », observe-t-elle.
Il vous reste 45.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.