Ils ont attendu jusqu’au mercredi 12 août pour être fixés sur leur sort. Pour les élèves de classes préparatoires candidats aux écoles de commerce, la session 2020 était hors norme : en raison du Covid-19, les oraux ont été supprimés. Pour l’EM Lyon, la session était aussi inédite sur le fond. Traditionnellement quatrième école choisie par les candidats les mieux classés au concours commun, derrière HEC, l’Essec et l’ESCP, elle a dû, pour constituer sa promotion, descendre beaucoup plus bas dans la liste, perdant de l’attractivité face à l’Edhec, sa rivale.
Ce signal négatif s’ajoute à celui envoyé fin juillet par la commission chargée d’habiliter, pour le ministère de l’enseignement supérieur, les diplômes des écoles de commerce. Au lieu de lui renouveler son autorisation de délivrer son principal diplôme pour cinq ans (la durée maximale), les évaluateurs ont réduit cette habilitation à trois ans. « Nous n’avions pas les garanties suffisantes concernant le maintien de la qualité sur une si longue période », explique la présidente de la commission, l’universitaire Carole Drucker-Godard. Un symbole d’autant plus important que la durée de cette autorisation, variable d’une école à l’autre, est prise en compte dans la moulinette des classements des grandes écoles.
Pour Mme Drucker-Godard, il s’agit avant tout d’être « vigilant » face à un bouleversement sans précédent. A savoir, le passage de l’école du statut d’association à celui de société anonyme, suivi de l’entrée dans sa gouvernance, en septembre 2019, de deux fonds d’investissement, Qualium et Bpifrance. Ceux-ci se sont engagés à investir 100 millions d’euros sur cinq ans.
Une petite révolution : si certains fonds ont déjà mis la main sur des institutions moins cotées, c’est la première fois qu’une grande école issue d’une chambre de commerce, l’une des meilleures de France, s’engage dans cette voie. Le mouvement devrait continuer, porté par la croissance du marché de l’enseignement supérieur privé : les chiffres d’affaires de ces établissements ont « plus que doublé en dix ans », selon une étude Xerfi-Precepta datée de juillet 2019, qui estime que le marché atteindra « 5 milliards d’euros » en 2023. Porté, surtout, par les besoins de financement des écoles.
« L’autofinancement ne suffit plus »
Alors que les chambres de commerce se désengagent, les écoles ont besoin d’argent pour financer leur développement à l’étranger, recruter des enseignants-chercheurs, dont les salaires se sont envolés… « Sachant que les écoles ont déjà beaucoup tiré sur la hausse des effectifs et des frais de scolarité », observe Loïck Roche, directeur de Grenoble EM. A Lyon, ceux-ci atteignent désormais 17 500 euros par an. « Au-delà, les familles et les banques ne suivent plus », estime le directeur.
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