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Classe, cantine, récré: les défis d’une rentrée masquée

Les parents espèrent une rentrée la plus normale possible, alors que 20 % des élèves n’ont pas revu l’école depuis plus de cinq mois. Ici, une classe de CM2 à l’école Camille-Magné de Breuillet (Essonne). Francois Bouchon / Le Figaro/François Bouchon / Le Figaro

Le retour à l’école se fait sous la menace d’un durcissement des règles sanitaires alors que, après le confinement, se pose la question du niveau des élèves.

Les préoccupations sanitaires ne doivent pas balayer les enjeux de la rentrée, ne cesse de répéter le ministre de l’Éducation. Il n’empêche. C’est bien ce que les familles et l’opinion publique ont en tête en cette journée de retour à l’école.

Le protocole est-il suffisamment strict pour protéger les plus jeunes et leurs proches? À quoi ressemblera l’école à l’heure du Covid? Et surtout, à quoi s’attendre en cas de fermetures de classes, voire d’écoles entières? Car cette première semaine de septembre est aussi celle de la reprise de l’activité professionnelle pour les salariés français. Dans un sondage paru le 23 août dans le JDD, ils étaient 80 % à se dire favorables à un maintien de la rentrée au 1er  septembre, alors que le SNUipp, principal syndicat d’enseignants du primaire demandait son décalage.

Une rentrée «bien préparée», qui a prévu «toutes les situations», où «il ne manquera pas d’enseignants ». Depuis quinze jours, le ministre de l’Éducation multiplie les messages rassurants et met en avant, en parallèle, les risques d’aggravation des inégalités et de baisse du niveau scolaire: «On doit continuer à vivre. Aujourd’hui, la jeunesse doit être notre priorité absolue. Nous leur devons un avenir bien dessiné et nous leur devons une rentrée dynamique», a-t-il déclaré lundi, lors d’un déplacement à Laval (Mayenne), dans un lycée professionnel. Mais pour les syndicats enseignants, le compte n’y est pas. Cette rentrée laisse les personnels «se dépatouiller avec les contraintes et les normes en vigueur», estime l’Unsa qui évoque «une grosse pression».

Limiter les croisements entre groupes

Les parents d’élèves espèrent une rentrée la plus normale possible alors que 20 % des élèves n’ont pas revu, ou très peu, l’école depuis plus de cinq mois. Quelques classes et établissements scolaires resteront cependant fermés. La rentrée est reportée par exemple à jeudi dans deux collèges des Alpes-de-Haute-Provence, à la suite de tests positifs au Covid-19 de deux agents.

La semaine dernière, Jean-Michel Blanquer a confirmé le maintien de son protocole sanitaire publié le 20 juillet. Fortement allégé par rapport à la période mai-juin, il en reprend les préconisations essentielles. Celui d’éviter, dans la mesure du possible, le brassage entre les classes. Et de respecter une distanciation sociale et les gestes barrières. Une modification a fait son apparition: le masque sera obligatoire pour l’ensemble des professeurs, alors qu’une exception était jusqu’alors envisagée pour les enseignants de maternelle. Du côté des élèves, pas de changement: le masque sera obligatoire en cours et dans les espaces clos pour les collégiens et les lycéens. Moins touchés par le virus, les enfants de moins de 10 ans sont aussi jugés moins contaminants que les adultes, selon la Société française de pédiatrie, raison pour laquelle on ne leur impose pas le port d’un masque. Le ministre a expliqué que le gouvernement se calait «sur ce que disent les autorités sanitaires et les sociétés pédiatriques», notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui «a dit que le masque était pertinent à partir de l’âge de 12 ans et qu’en dessous cela peut-être contre-productif».

Vendredi 28 août, la Rue de Grenelle a publié cinq fiches repères thématiques complétant le protocole sanitaire de la rentrée. Trop tardivement aux yeux des syndicats d’enseignants, qui ont tous affirmé que la rentrée était «mal préparée». Ces documents, qui contiennent des recommandations et non des obligations, proposent des «bonnes pratiques» concernant l’organisation de la restauration, de la récréation, des internats, la reprise du sport, l’éducation musicale. Par exemple, pour le sport, «le port du masque n’est pas possible» mais il est «important de faire respecter la distanciation physique», sauf «lorsque la nature de la pratique ne le permet pas». En extérieur comme en classe, la limitation du brassage des élèves doit être «recherchée dans la mesure du possible».

À voir aussi - Que se passe t-il si un cas de coronavirus est détecté dans une école? Gabriel Attal répond

Les temps de récréation, lors desquels les enfants de plus de 11 ans devront garder leur masque, seront organisés, dans la mesure du possible, de manière à limiter les croisements entre groupes. «Nous allons organiser deux, voire trois récréations successives pour limiter le brassage comme nous le faisions déjà en juin», raconte cette directrice d’école parisienne. Après coup, elle se félicite de la reprise scolaire alors très critiquée voulue au printemps par le ministre: «Cela nous permet d’être moins stressés. On a déjà testé beaucoup de configurations et constaté aussi que très peu d’élèves et enseignants avaient été contaminés.» À la cantine, le ministère recommande également d’adapter «les plages horaires et le nombre de services». Il est recommandé de «limiter les offres alimentaires en vrac».

L’enseignement «mixte», un trou noir pour les élèves

Que se passera-t-il en cas de fermeture d’une école? La question est sur les lèvres de tous les parents, qui n’ont aucune envie de revivre l’épisode de l’école à la maison. L’Éducation nationale a élaboré un «plan de continuité pédagogique», qui prévoit un enseignement «mixte» (présentiel et distanciel) en cas de circulation «active» du virus, et des cours tout à distance, en cas de circulation «très active». Première fédération de parents, la FCPE réclame des moyens pour que «le distanciel ne soit pas assuré par les parents mais par des professionnels, embauchés à ce titre». Même son de cloche au Snalc, syndicat enseignant, qui regrette un manque d’anticipation pour ces cas de figure. L’enseignement «mixte», c’est «le trou noir pour les élèves qui restent à distance», explique-t-il.

Pourtant, le ministre tire un bilan plutôt satisfait de l’enseignement à distance, mis en place lors du confinement et après. Selon une enquête déclarative menée par le service statistique de l’Éducation nationale (Depp) et parue en juillet, sept enseignants sur dix et huit parents sur dix se disaient satisfaits. Avec des bémols de taille. Du côté des professeurs, les plus satisfaits exercent dans le privé. Et dans l’éducation prioritaire, les directeurs d’école ne sont que 55 % à se dire satisfaits de l’apprentissage des élèves. Du côté des parents, les trois quarts estiment que l’enseignement à distance a été profitable. Un résultat à nuancer, car seuls 41 % considèrent que leur enfant a progressé.

» À VOIR AUSSI - Jean-Michel Blanquer: «Tous les enfants de France doivent retrouver le chemin de l’école»

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23 commentaires
  • Yannou013

    le

    Encore des sondages satisfaction inutiles, on se croirait au Club Med. Un test de connaissances pour les enfants serait plus pertinent pour connaître l’impact des cours à distance et peut-être leur avis également, après tout c’est eux qui le subissent, mais bon ils ne votent pas alors...

  • ARNAUD MANAS

    le

    Pour autant les parents n’ont plus envie de faire les profs...
    Les enfants ne pourront pas progresser avec les masques, tout cela est de la folie pure et simple

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