Matignon transporté rue de Valois. Les visites d’un premier ministre au ministère de la culture sont si rares que celle-ci souligne combien l’exécutif se penche sérieusement sur les tourments du spectacle vivant. Les deux heures et demie de réunion, jeudi 27 août, entre Jean Castex, Roselyne Bachelot, une quarantaine de représentants des organisations patronales privées et publiques ainsi que quatre syndicats de salariés du spectacle vivant, ont permis des avancées importantes qui devraient permettre d’insuffler de l’oxygène à un secteur sinistré.
Au total, 432 millions d’euros ont été promis, dont 220 millions pour le secteur privé. Autre requête accordée, l’activité partielle sera financée jusqu’au 31 décembre. De même le crédit d’impôts sera prolongé jusqu’à la fin 2024, les conditions de remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE) seront assouplies tandis que, par ailleurs, un fonds de compensation de 100 millions d’euros – commun avec les salles de cinéma – doit permettre d’éponger les pertes liées à l’obligation des jauges réduites, dans les zones rouges. Il s’agit d’« un effort sans précédent que je piloterai pour sauver un secteur dévasté », a indiqué sur Twitter la ministre de la culture à l’issue du rendez-vous.
« La culture est en danger »
« Enfin on nous a dit : “la culture c’est la France ! et on va vous aider à vous battre !” Alors que jusqu’à présent on avait l’impression de parler dans le vide », se réjouit Aurélie Hannedouche, déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles. Même enthousiasme pour Aurélien Binder, vice-président du Prodiss, premier syndicat en France du spectacle vivant privé musical et de variété : « La profession est rassurée », dit-il. Bertrand Thamin renchérit : « Il y a une réelle prise de conscience du fait que la culture est en danger, et plus particulièrement le spectacle vivant », se réjouit le directeur du Syndicat national des théâtres privés, par ailleurs codirecteur du Théâtre Montparnasse, à Paris.
Olivier Darbois, président du Prodiss, avait évalué au cours de la réunion à 2,3 milliards d’euros de chute du chiffre d’affaires du secteur des musiques actuelles en 2020. Il a défendu âprement sa cause. « Nous sommes sans filets, non couverts par les assureurs et face à une incertitude complète sur la reprise », a-t-il martelé. Il avance qu’« une entreprise sur deux est menacée de faillite dans les mois à venir ».
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