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« Ce n’est pas servir les femmes que de les présenter comme de bonnes élèves, sérieuses, scolaires et timides »

L’économiste Claudia Senik conteste, dans une tribune au « Monde », l’interprétation faite des résultats des derniers concours littéraires de l’Ecole normale supérieure où, en l’absence d’épreuves orales, la part de femmes admises a nettement augmenté.

Publié le 07 septembre 2020 à 06h30 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. Un article publié sur Lemonde.fr le 27 août a fait un certain bruit et a favorisé la diffusion d’une analyse qui me semble incorrecte. Son titre était : « A Normale-Sup, les concours sans oraux ont fait bondir la part de femmes admises ».

L’article évoque le plus grand nombre de jeunes filles admises au concours Lettres (A/L) d’entrée à l’ENS Ulm (désormais ENS-PSL). Ce constat a immédiatement suscité chez certains le raisonnement suivant : puisque l’annulation des épreuves orales – à cause du Covid-19 – a conduit à l’admission d’un plus grand nombre de jeunes filles que les années précédentes, c’est que ces dernières souffrent généralement d’un handicap qui les défavorise lors des épreuves orales.

Sur cette conclusion rapide, certaines interprétations bien connues ont été plaquées. Ainsi, les sociologues consultées par le journal affirment que les filles « apprennent mieux à correspondre aux attentes de l’école et obtiennent généralement de meilleurs résultats, notamment à l’écrit ». Elles seraient timides à l’oral, contrairement aux garçons, dont sont « davantage encouragés (…) la confiance en soi, la capacité à parler en public, l’aisance dans le rapport aux autres, l’esprit de compétition ». « Les filles adhèrent bien moins à la mise en scène de soi attendue à l’oral… », peut-on aussi lire. Ces positions sont résumées dans un intertitre lapidaire : « Des filles plus “scolaires” ».

Des résultats différents en Sciences

Les filles, dans nos sociétés contemporaines, seraient donc moins aptes aux épreuves orales à cause de leur peur de la compétition et de leur réserve, spontanée ou apprise. Cette affirmation résonne avec certains travaux en économie expérimentale qui suggèrent la moindre appétence des filles pour la compétition (notamment Muriel Niederle et Lise Vesterlund, « Do Women Shy Away From Competition ? Do Men Compete Too Much ? », The Quarterly Journal of Economics, Vol. 122, pp. 1 067-1 101, 2007).

Mais en réalité, comme le souligne l’article du Monde, cette interprétation ne découle ici que des résultats d’admission aux concours littéraires. Or s’il est vrai que les jeunes filles sont avantagées par la suppression des épreuves orales, on devrait observer le même phénomène dans les concours scientifiques. Qu’en est-il ?

Selon les résultats que l’on peut consulter sur le site de l’ENS-PSL, sur les listes d’admis en liste principale dans les deux concours littéraires, on trouve, pour le concours A/L (lettres) 48 filles sur 62 admis, et pour le concours B/L (lettres et sciences sociales), 10 filles sur 25 admis. Dans les concours scientifiques, la répartition s’effectue de la façon suivante : en BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre – filière traditionnellement plus féminine) : 11 filles sur 21 admis ; en PSI (physique et sciences de l’ingénieur) : 0 fille sur 5 admis ; en MPI (mathématiques, physique, informatique) : 4 filles sur 38 admis ; en informatique : 1 fille sur 13 ; en PC (physique-chimie) : 0 fille sur 18 admis.

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