Ils sont plus de quatre cents regroupés sous le porche. De jeunes bacheliers extirpés de leurs foyers, venus faire leur toute première rentrée universitaire en licence de psychologie à l’université de Caen. Eux qui n’ont pas pu dire adieu aux couloirs familiers de leur lycée, qu’ils avaient dû quitter en catastrophe début mars, sont propulsés directement dans la cour des grands. Cette année, il faudra s’y repérer avec un masque plaqué sur le visage.
Lorsque sonnent 14 heures, alors que tous font la queue pour entrer dans l’amphithéâtre Pierre-Daure, la scène prend soudain l’aspect réglé d’une entrée d’usine. La vague d’étudiants s’avance sous le cliquetis régulier du distributeur automatique de gel hydroalcoolique, pointeuse de cette rentrée 2020 à laquelle, un à un, ils présentent leurs mains.
Dans la salle, des tableaux aux courbes ascendantes s’affichent sur le grand écran. « Rentrée particulière oblige, je vous montre ces chiffres très éclairants sur l’évolution du virus chez les 15-24 ans. Comme vous le voyez vous constituez la population où la circulation est la plus vive », commence la vice-présidente de l’université, Christelle Passoni-Chevalier, en préambule de son discours de bienvenue. Il faudra faire preuve d’une « extrême vigilance » sur les consignes sanitaires, insiste-t-elle.
Des jeunes « très sensibilisés »
Port du masque dans tous les espaces clos, lavage des mains, respect des distances, des sens de circulation… Des points de dépistage gratuit seront aussi présents sur le campus, et une campagne de vaccination facultative contre la grippe sera organisée dès octobre, pour éviter deux épidémies simultanées. En Normandie, où la circulation du virus s’accélère depuis fin août mais demeure encore faible par rapport au niveau national, une crainte est dans toutes les têtes : un cluster dans cette université, avec ses plus de 30 000 étudiants, risquerait de faire flamber toute la région.
Aussi, à toutes fins utiles, Denis Jacquet, directeur de l’UFR de psychologie, prévient ses élèves des sanctions applicables en cas de non-respect des consignes sanitaires, pouvant aller jusqu’au renvoi de l’établissement. « Mais on insiste davantage sur la responsabilisation, qu’ils comprennent qu’ils ont le levier entre leurs mains. On a beaucoup tapé sur les jeunes tout l’été, mais je les vois très sensibilisés », constate-t-il.
A l’intérieur de l’amphi, si certains étudiants se plaignent « d’étouffer » avec leur masque, la plupart n’y voient pas d’inconvénients. « J’ai travaillé avec tout l’été, je suis habituée », argue une étudiante de psychologie. Sa camarade acquiesce : d’ailleurs elles ne se connaissaient pas deux heures plus tôt mais sont allées spontanément l’une vers l’autre malgré la barrière du morceau de tissu, « heureuses de retrouver des gens ».
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