« On a voulu faire une rentrée presque comme si de rien n’était… et on mesure, aujourd’hui, les conséquences de la méthode Coué ! » Fanny Capel fait partie de la trentaine d’enseignants et de personnels du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) qui ont exercé, jeudi 10 et vendredi 11 septembre, leur droit de retrait, « au vu de la légèreté des dispositions sanitaires prises », explique la professeure de lettres.
Dans cet établissement, la liste des doléances est longue. Pas – ou pas assez – de gel hydroalcoolique dans les salles, pas de virucide à disposition pour désinfecter le matériel régulièrement (« pas même les raquettes ou les tapis pour l’EPS »), pas de masques distribués en nombre suffisant, pas d’infirmière scolaire…
Au lycée Paul-Eluard, quatre lycéens de classes différentes ont été placés en quatorzaine après avoir des tests positifs au Covid-19. Mais personne d’autre, pour l’heure, et c’est aussi ce qui pose problème aux enseignants mobilisés : « Il n’y a pas eu de définition des cas contacts, ou en tout cas pas à ma connaissance », pointe Fanny Capel. Ni parmi les élèves – ils sont 2 000 –, ni parmi les personnels – au nombre de 200. « Le prochain cluster, est-ce que ce sera nous ? », s’interroge l’enseignante.
« S’adapter localement »
Cette même question résonne parmi les parents et les enseignants de nombreux autres établissements, même parmi les plus sereins, au moment où débutent par ailleurs les évaluations nationales de CP, CE1, 6e et seconde. Depuis la rentrée, le nombre de classes fermées n’a cessé d’augmenter – elles étaient 524 selon le dernier décompte donné le 10 septembre, et 32 écoles en entier.
Les interrogations sont légion : pourquoi décide-t-on, ici, de limiter la quatorzaine aux cas confirmés et/ou aux cas contacts, quand on ferme, là, toute une section, tout un niveau, voire tout un établissement ? Pourquoi renvoie-t-on parfois les enseignants à la maison, mais pas les animateurs ou les personnels de direction qui les ont côtoyés (l’inverse est aussi vrai) ? Qui décide de quoi dans la « chaîne sanitaire » qui implique les rectorats, les préfets et les agences régionales de santé (ARS) ?
En creux, c’est bien la stratégie nationale du « tester, tracer, isoler », déclinée localement, que la communauté éducative interroge. Ce « cas par cas » est assumé par les agences régionales de santé, où l’on essaie d’être pédagogue sur la procédure, pas toujours comprise. « Une enquête a bien eu lieu au lycée Paul-Eluard, explique-t-on ainsi à l’ARS d’Ile-de-France. Et sur les quatre cas confirmés, parce que le port du masque a bien été respecté par tous [il est obligatoire dès le collège], il n’y a pas eu de contacts à risque identifiés ; donc pas d’autres mises à l’isolement. »
Il vous reste 67.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.