Rentrée universitaire : les délicats défis de Frédérique Vidal

Malgré la crise sanitaire, le sureffectif des bacheliers et la fermeture d'une dizaine d'établissements, la ministre tente de rassurer.

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Malgré la crise sanitaire, le sureffectif des bacheliers et la fermeture d’une dizaine d’établissements, la ministre se veut rassurante.
Malgré la crise sanitaire, le sureffectif des bacheliers et la fermeture d’une dizaine d’établissements, la ministre se veut rassurante. © LUDOVIC MARIN / AFP

Temps de lecture : 4 min

La leçon avait-elle été soigneusement apprise ? La conférence de rentrée de la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation qui s'est tenue mardi 15 septembre ressemblait en tout cas à s'y m'éprendre à celle donnée par Jean-Michel Blanquer le 26 août dernier.

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Comme le ministre de l'Éducation avant elle, Frédérique Vidal a rappelé que le retour progressif des 2 783 000 étudiants sur le chemin des universités, des grandes écoles ou des lycées n'avait rien d'« une rentrée comme les autres ». Comme Jean-Michel Blanquer, elle a répété son souhait d'organiser « une rentrée la plus normale possible ». Comme Jean-Michel Blanquer, elle a relevé la nécessité encore accrue par le contexte de crise sanitaire de renforcer les chantiers lancés par la rue Descartes pour redoubler « les ambitions d'amener à la réussite chaque étudiant ». « Ils sont la clé de la relance du pays et de la construction de l'avenir », a-t-elle assuré. Et comme Jean-Michel Blanquer, la ministre s'est efforcée de rassurer sur les conditions sanitaires. « Nos équipes se préparent depuis des semaines, sans ménager leur temps et leur peine, faisant preuve d'une adaptabilité, d'une souplesse et d'une créativité remarquables, a-t-elle estimé. Quatre scénarios ont été élaborés pour parer à toutes les situations. »

Mais comment convaincre, alors que des cas positifs au Covid-19 ont d'ores et déjà été détectés sur plusieurs campus, avant même que la rentrée n'ait débuté pour tous ? Une dizaine d'établissements seraient déjà concernés par des fermetures, qu'elles soient partielles comme à l'université de Rennes, ou totales comme sur le campus de Sciences Po à Reims. Certaines institutions ont ainsi été contraintes de reprendre les cours à distance dès les premiers jours.

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Étudiants contaminés hors les murs

« Ces cas positifs sont liés, dans leur grande majorité, à des activités extrascolaires. Les étudiants concernés n'appartiennent d'ailleurs généralement pas aux mêmes niveaux universitaires ni aux mêmes amphis. Certains préfets ont interdit les soirées étudiantes. Et nous travaillons avec les associations étudiantes pour faire un travail de terrain et convaincre les jeunes que plus ils se conformeront aux normes, plus la situation reviendra rapidement à la normale : il est difficile de prendre la mesure des choses quand on est souvent asymptomatique, mais nous leur faisons confiance pour se comporter de façon responsable », a assuré la ministre.

Amphis bondés ou cours en distanciel suivis assis par terre dans les couloirs… Les étudiants et leurs syndicats déplorent néanmoins depuis plusieurs jours les conditions de rentrée inadaptées. « L'organisation des établissements est autonome et donc variable, rappelle Frédérique Vidal. Seulement recommandée quand cela est possible, la distanciation ne devient obligatoire en plus du port du masque que si des cas sont avérés. Mais, pour conserver autant que possible la vie étudiante sur les campus sans laquelle la formation est incomplète, les établissements sont en train de mettre en place des emplois du temps équilibrant le présentiel et le distanciel pour résoudre les problèmes rencontrés. »

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Pression démographique

Une organisation d'autant plus complexe que le monde de l'enseignement supérieur doit faire face à un défi supplémentaire de taille cette année : absorber les sureffectifs entraînés par le taux de réussite record au baccalauréat en juin dernier (95,7 %). Sur ces 713 9 000 bacheliers, 558 300 se sont inscrits dans l'enseignement supérieur. Soit 6,8 % de plus qu'en 2019. Ils sont 2,9 % de plus à avoir choisi d'entrer en licence, 1,3 % d'étudiants supplémentaires ayant opté pour un IUT et 1,6 % pour un BTS. Comment ces nouveaux entrants vont-ils pouvoir être accueillis alors que la crise sanitaire rend déjà l'équation intenable ?

« Le défi de la pression démographique est inédit, reconnaît la ministre. Mais ce taux exceptionnel est venu entériner une hausse des places déjà prévue. Le nombre de places supplémentaires créées est ainsi au total de 21 000. Le calendrier a été modifié, notamment en repoussant le fonctionnement de la plateforme Parcoursup de 10 jours, principalement pour permettre de placer les 3 000 bacheliers étudiants potentiels que nous tentons toujours de contacter. Et des formations en un an ont été mises en place pour aider les nouveaux étudiants les plus fragiles scolairement. »

Au-delà des places, se pose aussi la question de l'accompagnement des néobacheliers dans ce contexte hors du commun. « Les réponses sont variées en fonction des établissements. Plusieurs d'entre eux ont par exemple instauré des prérentrées pour les étudiants jugés fragiles, et les tutorats et mentorats seront renforcés. » Les mesures qui pourraient se révéler insuffisantes pour rehausser le faible taux de réussite en licence, de l'ordre de 30 %.

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Commentaires (5)

  • duchayla

    Suite de mon com coupé, orage sur ma ville.
    Cette ministre au rabais se conforme aux dires de son chef. Blanquer étant le super ministre de tout ce qui est "éducatif". Moi je dirai ce qui est instruction. Maintenant comment ces gouvernants, qui ne prévoient rien, feront-ils pour accueillir correctement tous les bacheliers qui attendent de savoir (3 mois après l'examen réussi) une place en université. Bientôt nous allons revenir aux temps très anciens où les étudiants écoutaient et prenaient des notes dans des parcs assis en rond devant le professeur. Rien n'a été préparé comme nous l'assène cette ministre. Il est beau de vouloir donner le bac à la majorité de jeunes, mais ont-ils assez de connaissance pour se retrouver en fac? Combien font encore des fautes de grammaire, de syntaxe ou de conjugaisons dans les copies rendues aux prof ? Je parle des lycéens de terminale. La France va à sa décadence à grands pas et nos gouvernants ont un bandeau sur les yeux et ne veulent pas voir. Ce n'est pas le nombre de réussites qui fait qu'un pays a un fort taux de jeunes instruits, mais c'est le contenu de leur savoir qui fera que le pays pourra compter sur eux. Ce semblant d'examen contribue à faire de ces jeunes des assistés qui ne feront rien pour se valoriser.

  • duchayla

    Balnquer étant le minstre supérieur à d'autresqui n'ont que le titre et les émoluments a

  • navrre

    Merveille des merveilles : on approche enfin des 100% de réussite au bac. Merci au COVID ! Et voilà qu'au lieu de limiter plus que jamais l'accès à l'université, on va réformer celle-ci pour la rendre capable d'accueillir tous les futurs étudiants, dont beaucoup ne savent toujours ni lire ni écrire. Quel sera le résultat ? Fabriquer une génération d'aigris de plus, lorsque, en fin de première année, on priera les dépassés d'aller se faire voir ailleurs. A moins que l'on continue sur la même lancée en donnant licences et masters à tous ceux qui sont entrés par erreur dans des cursus qui les dépassent. Mais alors, bon courage pour intégrer le marché du travail !