Accompagner les « jeunes talents » de milieu modeste, est-ce la solution pour débloquer l’ascenseur social en France, et remédier aux inégalités que l’école ne résorbe pas assez ? En déplacement à Clermont-Ferrand, en Auvergne, le 8 septembre, Emmanuel Macron a appuyé sur deux leviers déjà actionnés par ses prédécesseurs en matière d’égalité des chances : les « Cordées de la réussite » et les « internats d’excellence ».
Face à un public d’étudiants, le chef de l’Etat a exhorté la jeunesse à « retrouver la sève du mérite » ; il faut que chacun ait « la place qui lui revient en fonction de son mérite et pas de son origine », a-t-il défendu.
Les deux dispositifs remontent aux années Sarkozy – les « Cordées » comme les internats d’excellence ont été lancés en 2008. L’un et l’autre ont perduré sous la gauche, sans être particulièrement valorisés. Tous deux relèvent d’une même logique : accompagner, sur la base du volontariat, des « jeunes talents », des « pépites » de milieu modeste, qui n’ont pas l’environnement, les « clés » et les codes pour réussir.
« Ouvrir le champ des possibles », « briser le plafond de verre », « faire mentir les déterminismes »… Ces mêmes formules reviennent dans le débat à chaque quinquennat, et avec elles leurs objectifs difficiles à atteindre. En France en 2020, les enfants d’ouvriers représentent 11,5 % des étudiants du supérieur, contre 34,4 % pour les fils et des filles de cadres – quand les ouvriers comptent pour le quart de la population active ; les cadres pour 18 %. L’écart apparaît plus fort encore pour ce qui est des grandes écoles les plus élitistes, régulièrement épinglées pour leur manque d’ouverture sociale.
« Repérer les talents »
Voilà pour le constat. La réponse d’Emmanuel Macron est d’abord quantitative : faire passer de 80 000 à 200 000 les jeunes bénéficiaires des « Cordées de la réussite », ces collégiens et lycéens encadrés par des étudiants selon le modèle lancé, à l’orée des années 2000, par l’Essec avec son programme « Une grande école pourquoi pas moi ? »
Deuxième coup d’accélérateur : installer dans chaque département un « internat de la réussite », ce modèle qui mise sur l’encadrement scolaire mais aussi culturel ou artistique développé du temps où Jean-Michel Blanquer était recteur de Créteil. D’abord à destination des boursiers « méritants », il concerne aujourd’hui 8 000 élèves dans 44 établissements.
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