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En temps de crise, l’accès à un premier emploi est encore plus soumis aux risques de discrimination

Apparence, origine sociale, parcours… Dans un contexte de forte tension du marché du travail, les biais, les discriminations ou les facteurs inconscients qui influencent le recrutement des jeunes diplômés sont encore plus prégnants.

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Publié le 18 septembre 2020 à 11h00, modifié le 08 octobre 2020 à 18h40

Temps de Lecture 7 min.

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Depuis le confinement et la chute des offres d’emploi qui s’en est suivie, Stéphanie Lecerf s’active en coulisse pour « avoir l’oreille » des entreprises. Au travers de son association A compétence égale, cette spécialiste des ressources humaines sensibilise les recruteurs aux biais, souvent inconscients, qui s’immiscent dans les processus d’embauche, et aux discriminations qui en résultent. « Aujourd’hui, c’est plus que jamais nécessaire », estime-t-elle face au marché du travail fermé auquel se confronte toute une génération de jeunes diplômés.

Stéphanie Lecerf craint une « baisse de vigilance » des recruteurs, au détriment de populations déjà vulnérables. « Moins fluides et plus concurrentiels, les processus d’embauche risquent d’être, encore plus que d’habitude, la porte ouverte aux biais de perception. »

Effet placebo, de projection ou de halo, stéréotypes… Les biais cognitifs sont en effet nombreux à venir influencer le jugement des recruteurs. Notamment lorsqu’il s’agit de recruter des jeunes diplômés ayant encore peu de lignes sur leur CV. Selon une étude du Défenseur des droits de 2017, les 18-24 ans sont d’ailleurs les plus nombreux à affirmer avoir vécu des expériences de discrimination dans le monde professionnel (46 % des interrogés, contre 27 % des 45-54 ans, par exemple).

« Prime au beau »

Parmi ces lois invisibles qui pèsent sur une décision de recrutement, on trouve d’abord le biais de « stéréotypage », terme qui désigne une tendance à juger selon certains préjugés. Et en particulier à partir de l’apparence physique du candidat, observe Jean-François Amadieu, sociologue, directeur de l’Observatoire des discriminations et auteur de La Société du paraître (éd. Odile Jacob, 2016).

« Il existe notamment une prime au beau, socialement acceptée et légitimée. Même pour des postes sans contact direct avec le client, 40 % des recruteurs jugent décisive la beauté du candidat », pointe le chercheur. « La beauté est un appui préférable à toutes les lettres de recommandation », observait déjà Aristote. Porter ou non des lunettes, se maquiller ou pas, choisir telle ou telle tenue… « A chaque élément sont attribuées par les recruteurs des caractéristiques, une personnalité, de manière consciente ou inconsciente, et sans lien véritable avec la réalité », observe Jean-François Amadieu.

Alors que la période a accéléré l’usage des entretiens à distance, de nouveaux pièges apparaissent pour les candidats. « La plongée dans le cadre privé par webcam peut poser problème : le recruteur analyse des éléments d’ordre personnel qui n’ont rien à voir avec le contexte professionnel visé », observe Arnaud Povéda, docteur en sciences de l’information et formateur en insertion.

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