Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Derrière la réforme des concours de recrutement, une volonté de reprise en main du corps professoral »

Plus de cinquante membres du jury du capes de philosophie s’indignent, dans une tribune au « Monde », d’un projet de réforme des concours de recrutement des professeurs, qu’ils jugent « inefficace sinon délétère » et dont ils demandent l’abandon.

Publié le 01 octobre 2020 à 06h30 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Tribune. Un enseignant exerce son métier en parlant. C’est ce que reconnaît le ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports en proposant d’augmenter le poids des épreuves orales dans les concours de recrutement de professeurs, notamment ceux du second degré. Mais pourquoi, alors, vouloir supprimer, comme le projette le ministère, l’un des deux oraux d’admission du concours ? Car c’est tout comme : lui serait substitué un entretien de « motivation », évalué par un jury extérieur à la profession.

Pourtant, un jury de professeurs sait reconnaître un candidat bien préparé. Si chacun perçoit l’absurdité d’une pareille mutilation du concours dans le cas des disciplines conjointes, telles l’histoire-géographie et la physique-chimie, rappelons que, jusqu’en 2010, on recrutait sur la base de trois épreuves orales. Deux aujourd’hui. Et une seule demain ? On imagine la prochaine étape : un simple entretien informel !

Le projet de réforme comporte deux volets. L’un concerne la formation, l’autre les modalités de recrutement des futurs professeurs. Les deux répondent à la même visée : la « professionnalisation » des impétrants, entendue comme l’acquisition d’une première expérience du métier et d’un état d’esprit loyal et responsable. Ils visent aussi à prévenir les démissions en début de carrière. Il s’agit donc de s’assurer que les candidats, à tous les sens de l’expression, auront été prévenus. Sage précaution, si les causes des démissions et du déclin des vocations ne se situaient ailleurs, dans les conditions d’exercice du métier, sans cesse dégradées, et dans des salaires trop bas.

Un entretien de motivation inutile

Or le projet ne vise pas à enrayer la baisse continue des candidatures : il en prend acte et cherche à en tirer profit. En promettant aux préparationnaires 600 euros mensuels pour 8 heures de cours hebdomadaires, il fait l’économie de milliers de postes de stagiaires (actuellement rémunérés autour de 1 400 euros net). Cela revient à vider en partie le concours de sa substance, en faisant entrer prématurément dans le métier des étudiants qui devront conjointement rédiger leur mémoire de master et bûcher leurs épreuves.

Inutile, l’entretien de motivation est de surcroît impossible à préparer et à évaluer, de sorte que les candidats ne sauront jamais pourquoi ils ont été bien ou mal notés. Pire, il suggère qu’un professeur n’a pas vraiment besoin de savoir de quoi il parle ni de réfléchir à la manière de le transmettre – il lui suffit de paraître responsable et motivé ! Chacun pressent pourtant qu’il est plus facile de ressembler à un bon fonctionnaire qu’à un bon professeur ; et chacun voit le danger d’un jury ès loyautés fatalement cantonné au rôle de commissaire politique, et qui aurait tout loisir d’éliminer un candidat pédagogiquement et académiquement irréprochable.

Il vous reste 41.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.