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Les professionnels du cirque en colère

Rassemblement de circassiens, mardi, à Paris. La décision d’interdire les cirques avec animaux met en péril le devenir de 3000 artistes et de leurs 800 bêtes, dont 500 fauves. Juliette Pavy/Le Figaro

TÉMOIGNAGES - Ils ont manifesté à Paris contre le projet de loi qui veut interdire les animaux sauvages dans leurs spectacles.

«Treize millions de spectateurs par an dans les cirques avec animaux, un million pour le cirque contemporain. Pourtant on veut nous mettre au chômage.» Tel est le slogan inscrit sur une grande banderole en drap blanc, tenue par deux jeunes manifestantes. Elles font partie du rassemblement d’une cinquantaine de circassiens qui, ce mardi après-midi, ont manifesté leur mécontentement non loin du ministère de la Transition écologique à Paris.

La raison de leur colère est simple: il y a une semaine, leur ministre de tutelle, Barbara Pompili, a annoncé la fin des cirques itinérants avec des animaux sauvages d’ici à cinq ans. «À peine arrivée aux responsabilités, Barbara Pompili veut nous interdire de garder nos animaux et de travailler avec eux de façon itinérante, regrette Frédéric Edelstein, dompteur français de fauves et directeur du cirque Pinder. Cela va fragiliser économiquement énormément de familles qui vivent de ce métier sans solutions alternatives. Par ailleurs, apporter nos animaux avec qui on vit tous les jours dans ces sanctuaires gérés par des associations qui ne les connaissent pas les mettrait en danger de mort. On ne se laissera pas faire», avertit-il.

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Au-delà de cette décision, c’est surtout le manque de concertation qui choque les circassiens. «Nous sommes pour un dialogue républicain. La ministre a fini par nous recevoir car nous avions fait le forcing auprès de Matignon, souligne pour sa part William Kerwich, président du Syndicat des capacitaires des animaux de cirque et de spectacle. Elle n’a même pas tenu compte de nos propositions pour améliorer le bien-être de nos animaux. Elle s’est comportée comme une activiste en faveur des associations animalistes et non comme une responsable du gouvernement qui doit écouter toutes les parties en présence.» D’autant que ce choix politique met en péril le devenir de 3000 artistes qui ont la capacité professionnelle pour se produire avec des animaux sauvages dans les cirques et reste flou sur le devenir de leurs 800 bêtes, dont 500 fauves. Cela concerne les grands comme les petits cirques.

Réactions mitigées

«J’ai vécu les annonces gouvernementales comme une agression, déplore pour sa part Joella, directrice du cirque familial Achille Zavatta, membre de l’association des cirques de famille. Nous sommes discriminés et notre droit au travail est bafoué. Dans certaines villes, les maires refusent les cirques avec animaux sauvages car ils sont harcelés par les associations animalistes pourtant très minoritaires mais très actives. Nos parents nous ont appris à donner tout notre cœur dans notre métier et à aimer nos animaux, contrairement à ce que certains pensent.»

« Est-ce plus cruel d’avoir un gros chien en captivité à Paris dans un appartement que des lions dans un cirque ? Je ne sais pas répondre »

Anne, Parisienne quinquagénaire.

Cette interdiction va même au-delà des cirques. «Je me produis aussi dans des publicités, comme celle très connue pour une marque de canapés en cuir, ou dans des films à succès, confie Hans Petersen, propriétaire et éleveur d’otaries et de manchots dans le Loir-et-Cher. Mon métier est en sursis. Pourtant, l’autorisation préfectorale ainsi que mon certificat de capacité permettant de l’exercer sont à titre permanent.»

Dans la rue, les réactions des passants sont mitigées. «J’ai signé la pétition pour l’arrêt des cirques avec animaux, mais je me dis, en voyant ces personnes, que ce n’est peut-être pas le bon moment pour ce genre de décisions», semble regretter Anne, Parisienne quinquagénaire. De son côté, Marc, la quarantaine, se pose des questions: «Est-ce plus cruel d’avoir un gros chien en captivité à Paris dans un appartement que des lions dans un cirque? Je ne sais pas répondre.» En revanche, il y a des inconditionnelles du cirque avec animaux. «Je suis de la génération où lorsqu’on avait bien travaillé à l’école, on avait en récompense des places de cirque, se souvient Chantal, retraitée de l’AP-HP. Aujourd’hui, j’emmène mes petites-filles à la ménagerie.» «Je ne peux pas imaginer un cirque sans animaux sauvages, ajoute Hélène, salariée dans le privé. On ferait mieux de s’en prendre aux gens qui maltraitent leurs animaux domestiques plutôt qu’à eux, car ils sont encadrés par la loi.» En début d’après-midi, une délégation des circassiens a finalement été reçue au ministère de la Transition écologique.

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12 commentaires
  • départ

    le

    la loi et la loi et ceux qui ne la respecte pas doivent être poursuivies pour cruautés envers les animaux , un animal doit être dans son milieu naturel et non en cage,

  • gene-6

    le

    Ils disent comme des macs : "Je l'aime alors je le fais travailler et je le vends et j'empoche l'argent..." c'est un peu de la prostitution ça ?????

  • PAPINO106

    le

    Mais qu'on les laisse travailler en paix. Les animaux sont là pour servir l'homme et non l'inverse.

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