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En France, le long cheminement de l’égalité des chances

En s’attaquant au concours à la française, notamment pour la haute fonction publique, Emmanuel Macron s’en prend à un totem.

Publié le 08 octobre 2020 à 10h35, modifié le 08 octobre 2020 à 17h17 Temps de Lecture 5 min.

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Analyse. A l’échelle de ces deux décisions, le chemin de l’égalité des chances s’annonce long. Dans un entretien accordé au Monde, mercredi 7 octobre, Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques, annonce l’ouverture à partir de 2021 de voies d’accès réservées aux jeunes de condition modeste dans les concours des écoles de la haute fonction publique.

Pour retrouver une décision aussi symbolique, il faut remonter à… 2001. Cette année-là, Richard Descoings envoyait un boulet de canon dans le jardin à la française des grandes écoles. Le directeur de Sciences Po Paris décidait de créer un concours spécifique pour les lycéens issus d’une zone d’éducation prioritaire (ZEP).

2001-2021. En vingt ans, que s’est-il passé ? Plus de 2 000 élèves de ZEP ont rejoint Sciences Po Paris par cette porte. Malgré ses limites, l’expérience a donné des résultats, même si les effectifs de l’école sont davantage polarisés : beaucoup plus de boursiers qu’avant, mais toujours majoritairement des jeunes issus des milieux très favorisés. Quoi qu’il en soit, jusqu’à l’annonce de Mme de Montchalin, personne n’avait osé suivre l’audacieux Richard Descoings.

L’enseignement supérieur dans son ensemble a fait des petits pas. Le soutien financier grâce aux bourses a été renforcé. Des quotas de boursiers ont ainsi été imposés dans les classes préparatoires ou à Sciences Po. Mais, dans l’ensemble, les hiérarchies sociales ont peu évolué dans l’enseignement supérieur. C’est spectaculairement vrai au sommet, dans les filières les plus sélectives et élitistes. Les « premiers de cordée » n’ont pas changé, de même que leur cordée.

« L’enseignement supérieur compte 38 % de boursiers, notait ainsi la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en juin 2019. Mais ils sont seulement 19 % à l’Ecole normale supérieure (Paris) et 11 % à Polytechnique, qui ne réunissait que 2 % d’enfants d’ouvriers et d’employés dans sa dernière promotion. » Dans les écoles de commerce, seuls 12 % des élèves sont boursiers. A l’ENA, le taux de boursiers s’est, bien que tardivement, mis à progresser. Mais cela n’empêche pas Mme de Montchalin de relever que la promo 2019-2020 compte 76 % d’élèves ayant un père exerçant une profession dite « supérieure » quand seuls 1 % d’entre eux sont enfants d’ouvriers. C’était 4 % en 2006, soupire la ministre.

Pourquoi cela progresse-t-il si peu ? Notamment parce que les grandes écoles ne font que recueillir le fruit de ce qui a (mal) fonctionné avant. Le système éducatif, en effet, ne parvient pas à lutter efficacement contre les inégalités sociales, lesquelles se creusent tout au long de la scolarité. Au moment du concours, beaucoup d’enfants d’ouvriers ont déjà disparu depuis longtemps.

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