Poursuivre ses études à l’université après avoir validé une licence n’a apparemment rien d’évident. Pour preuve : en cette rentrée, selon l’UNEF, environ 9 000 étudiants candidats à des masters restent sans affectation, leurs dossiers ayant été rejetés sans qu’ils comprennent toujours pourquoi. A Montpellier, le cas de Mehdi, étudiant en droit, l’a illustré fin septembre. Après cinq jours de grève de la faim devant le rectorat, qui tardait à lui proposer trois solutions de poursuite d’études – comme l’exige la loi –, le jeune homme a fini par obtenir une place dans un master de droit des assurances au sein de sa faculté.
Titulaire d’une licence de droit, obtenue avec mention dans une université de l’ouest de la France dont elle préfère taire le nom, Charlotte (le prénom a été changé) a essuyé un refus pour le master qu’elle convoitait. « Le directeur de ce master était mon professeur en licence. Début mai, nous avons eu un entretien par visioconférence, il m’a dit que j’avais de bons résultats et qu’on se retrouverait à la rentrée. Il a même ajouté : “Surveillez vos mails” », relate-t-elle. Surprise : en juillet, l’étudiante se retrouve sur la liste complémentaire, au 16e rang, alors que la formation ne compte que quinze étudiants. « Il aurait fallu qu’ils se désistent tous pour que je puisse l’intégrer, ce qui était évidemment inenvisageable », poursuit la jeune femme, qui s’étonne qu’avec « 14/20 et 15/20 de moyenne dans les matières fondamentales, on ait pu considérer que [s]on niveau était “très faible”. »
Depuis 2017, la loi autorise les établissements à fixer des capacités d’accueil et à admettre les étudiants en première année de master (M1) après examen de leur dossier, généralement composé des notes en licence et d’une lettre de motivation. Le passage en deuxième année (M2) s’effectue ensuite de droit, après validation du M1. Cependant, par dérogation, un peu plus de 260 masters continuent de recruter leurs élèves entre le M1 et le M2, surtout dans la filière droit. La liste de ces formations est publiée par décret, chaque année.
Saisines en hausse de 126 %
Cette liste, Axel (le prénom a été changé) l’a scrutée maintes fois au cours de l’été. Candidat à un M2 de droit notarial dans son université du centre de la France – master non sélectif –, il est refusé et décide de faire appel à un avocat pour contester cette décision devant le tribunal administratif, au nom du « droit à la poursuite d’études ». « Les facultés dont les masters ne figurent pas dans ce décret dérogatoire n’ont pas le droit de définir de capacité d’accueil maximale. Or, là, il y en avait une, fixée à 15 places. De plus, parmi mes camarades, certains ont été pris avec de très mauvaises notes », explique-t-il.
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