L'association des Apprentis d’Auteuil, qui accompagne près de 30.000 jeunes et 6.000 familles, tire la sonnette d’alarme alors que la crise sanitaire pourrait repartir à la faveur d’une seconde vague. Pendant la première vague, cette institution catholique créée en 1866, a redoublé d’efforts auprès des 7.000 jeunes dont elle s'est occupée 24 heures sur 24. Elle a vu de près comment la crise sanitaire a vite basculé en crise sociale. "Tous nos jeunes, confinés en internat chez nous, ont été privés de visite, il a donc fallu pallier l’absence parentale et rester au plus près de ce public, parfois âgé de moins de dix ans", rappelle André Altmeyer, directeur général adjoint des Apprentis d’Auteuil.
Ces jeunes, très souvent décrocheurs, cumulent de très importants retards scolaires que le confinement n'a pu qu'aggraver. "Nous avons reçu 1,2 million d’aide informatique de la part de nombreux mécènes ce qui nous a permis de répondre aux premières urgences". Toutes les équipes d'enseignants et d'éducateurs ont été sur le pont pendant le confinement, certains dormant même sur place, dans les établissements, avec les jeunes qu'ils encadraient. "La crise a renforcé un isolement fort, souligne André Altmeyer, nous avons pu mesurer pendant le confinement l’importance de la fracture numérique chez les jeunes. Ils ont tous un portable mais
L'association des Apprentis d’Auteuil, qui accompagne près de 30.000 jeunes et 6.000 familles, tire la sonnette d’alarme alors que la crise sanitaire pourrait repartir à la faveur d’une seconde vague. Pendant la première vague, cette institution catholique créée en 1866, a redoublé d’efforts auprès des 7.000 jeunes dont elle s'est occupée 24 heures sur 24. Elle a vu de près comment la crise sanitaire a vite basculé en crise sociale. "Tous nos jeunes, confinés en internat chez nous, ont été privés de visite, il a donc fallu pallier l’absence parentale et rester au plus près de ce public, parfois âgé de moins de dix ans", rappelle André Altmeyer, directeur général adjoint des Apprentis d’Auteuil.
Ces jeunes, très souvent décrocheurs, cumulent de très importants retards scolaires que le confinement n'a pu qu'aggraver. "Nous avons reçu 1,2 million d’aide informatique de la part de nombreux mécènes ce qui nous a permis de répondre aux premières urgences". Toutes les équipes d'enseignants et d'éducateurs ont été sur le pont pendant le confinement, certains dormant même sur place, dans les établissements, avec les jeunes qu'ils encadraient. "La crise a renforcé un isolement fort, souligne André Altmeyer, nous avons pu mesurer pendant le confinement l’importance de la fracture numérique chez les jeunes. Ils ont tous un portable mais n’ont pas forcément d’équipement informatique qui leur aurait permis de suivre leur enseignement à distance. La crise a été un accélérateur du phénomène de désocialisation", alors que l'association reconnait que l'apprentissage et la lutte contre le décrochage avaient progressé avant la crise.
Des enseignants désabusés
Fort de cette expérience, les Apprentis d’Auteuil ont voulu prendre un peu de recul et lancer un baromètre sur l’état de l’opinion sur la jeunesse. Un sondage a ainsi été commandé à l’institut OpinionWay et volontairement un panel complémentaire d’enseignants a été rajouté. Que dit ce sondage (*) ? Il met en exergue la crise actuelle que connait notre système scolaire et que le Covid-19 n’a fait qu’empirer. Pour 60% du grand public, l’ échec scolaire est en augmentation, un sentiment partagé par 58% des enseignants. 36% des jeunes déclarent avoir rencontré des difficultés scolaires, mais ils sont 50% parmi ceux dont le foyer gagne moins de 1.000 euros par mois et plus que 24% pour ceux dont le foyer est au-dessus de 2.000 euros.
L’école creuset des inégalités n’est pas un phénomène nouveau. Mais le Covid a aggravé le phénomène. C’est en tout cas ce que perçoivent 86% des enseignants interrogés pour qui la période de confinement a accentué les inégalités scolaires. Plus grave : pour 60% des enseignants, "le système éducatif actuel ne prépare pas suffisamment les jeunes à la vie active" et pour 70% d’entre eux "on ne valorise pas suffisamment la filière professionnelle."
Des boosters dans les quartiers
Pour cette association catholique très active dans l'accompagnement des jeunes en grande difficulté, les 6,7 milliards que le gouvernement a mis dans le plan jeune "ne sont pas anodins", mais toute la difficulté réside dans le ciblage vers les profils de ceux qui en ont le plus besoin : les multi-décrocheurs, "les clandestins du système", selon l'expression d'André Altmeyer. C’est dans cette optique qu'Apprentis d’Auteuil expérimente une nouvelle démarche. La première difficulté consiste à appréhender et connaître les décrocheurs qui, par définition, disparaissent dans la nature. "Nous avons créé un nouveau métier, celui de booster, raconte André Altmeyer, leur fonction consiste à aller chercher, en bas des barres d’immeubles, les jeunes perdus pour être au plus près du terrain et leur apporter des réponses très concrètes." L'association teste en ce moment ce nouveau job de booster dans des quartiers de Marseille et Tarascon.
L’inquiétude de l'association est que le plan de relance ne soit pas suffisamment fléché vers les jeunes les plus en difficulté. "Nous militons vers une extension du RSA vers les 18-25 ans, qui leur donnerait un sérieux coup de pouce pour démarrer." Une suggestion martelée depuis plusieurs semaines dans les ministères concernés. Pour l'instant, sans retour.
(*) Sondage OpinionWay pour Apprentis d'Auteuil réalisé du 28 août au 8 septembre 2020 auprès d'un échantillon de 2830 personnes représentatif de la population Française âgée de 16 ans et plus. Au sein de cet échantillon 407 jeunes de 16 à 25 ans et 1081 parents d'enfants âgés de moins de 26 ans ont répondu à l'enquête. Un autre échantillon de 345 enseignants représentatif de la population des enseignants français a été interrogé. Les deux échantillons ont été constitués selon la méthode des quotas. Ils ont été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne.