L’issue devenait inévitable. Marguerite Salaün a regardé le nombre de cas de Covid-19 augmenter dans son lycée, jusqu’à ce que le couperet tombe : les élèves des onze classes de terminale de son établissement à Chantilly (Oise) ont été renvoyés chez eux pour une semaine. Quarantaine, continuité pédagogique, cette élève de 16 ans a renoué un temps, au bout de six semaines de cours, avec son quotidien du printemps.
« C’est l’angoisse de cette année : être en quarantaine au mauvais moment, raconte Marguerite. Pour l’instant, nous sommes encore loin du bac, c’est le meilleur des pires scénarios », nuance-t-elle toutefois. Les vacances lui permettront de retravailler les cours qu’elle n’aura pas suivis en présentiel, en espérant que ce reconfinement provisoire sera le seul.
Si les terminales ont connu, comme tous les élèves du pays, une rentrée masquée et rythmée par les nouvelles normes sanitaires, le Covid-19 fait peser sur eux une menace supplémentaire : celle de hacher leur scolarité sur l’année du nouveau baccalauréat, qu’ils sont les premiers à expérimenter et dont ils passeront les premières épreuves à la mi-mars.
« Le rythme est très soutenu »
« Mars. » Le mot est dans la bouche de tous les élèves interrogés, particulièrement inquiets depuis que le calendrier des nouvelles épreuves, plus serré qu’attendu, a été dévoilé fin septembre. « Avec des épreuves de spécialité aussi tôt, on se demande si on aura terminé les programmes, et nos profs aussi », confesse Marie Archambeau, 17 ans, élève dans un établissement de Gironde.
L’enjeu est de taille pour ces lycéens : les résultats de ces épreuves − en plus de compter pour 32 % de la note finale du bac − pèseront lourd dans la sélection des dossiers Parcoursup pour l’orientation postbac, auxquels manqueront les notes d’un trimestre de première et le bac de français. « Les profs sont obligés d’accélérer pour qu’on soit prêts, le rythme est très soutenu », ajoute Marie.
Les acquis des élèves sont fragilisés par près de quatre mois de cours à distance. Le ministère de l’éducation nationale a ainsi préconisé de consacrer les premières semaines de cours à revoir les « priorités pédagogiques » de l’année précédente. Il a mobilisé 1,5 million d’heures supplémentaires pour aider à ce rattrapage mais, « ramené à chaque établissement, ça ne fait pas beaucoup d’heures » − environ trois par groupe de quinze élèves –, souligne Lysiane Gervais, du SNPDEN-UNSA. Et il est difficile de consacrer des heures de l’emploi du temps normal à ce rattrapage en terminale où, avec l’objectif de passer des épreuves en mars, le temps est minuté.
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