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« L’enseignement est vu comme un service » : les relations parfois difficiles des professeurs avec les parents

En revendiquant une « liberté d’enseigner » lors des hommages à Samuel Paty, de nombreux enseignants manifestent une volonté d’indépendance face aux demandes des parents d’élèves, parfois jugées abusives.

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Publié le 20 octobre 2020 à 10h30, modifié le 20 octobre 2020 à 18h14

Temps de Lecture 4 min.

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Un enseignant accueille des écoliers dans une école de Strasbourg, dans l’est de la France, le jeudi 14 mai.

« On voit de plus en plus de familles remettre en cause la légitimité du travail des enseignants. » Ce constat, bon nombre d’enseignants, venus dimanche 18 octobre place de la République, à Paris, rendre hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie assassiné deux jours plus tôt à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le partagent : leur rôle et le contenu de leurs enseignements sont régulièrement contestés par les parents d’élèves.

« Il m’est arrivé de dire à mes élèves que si leurs parents n’étaient pas d’accord avec mon évaluation, je leur validerais volontiers la compétence acquise afin de ne pas subir de pressions ou de menaces », raconte Virginie, 46 ans, enseignante en Normandie, en réponse à un appel à témoignages lancé par Le Monde. fr auprès de la communauté pédagogique. « Je n’ai pas fait ce métier pour me taire, dit au contraire Fatima Mezine, 53 ans, professeure d’histoire-géographie à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Je continuerai de parler en classe de la liberté d’expression et de montrer des caricatures. Même si je sais que des critiques de la part de familles peuvent arriver après chaque cours. »

Appel à plus « de confiance »

Un jour, c’est le père d’un collégien du Nord qui demande par mail au professeur d’éducation physique et sportive (EPS) de justifier une mauvaise note donnée à son fils. Ailleurs, une mère de famille réécrit l’intégralité du cours de mathématiques, dans le cahier de sa fille, au lieu de répondre à l’exercice demandé. Parfois, des courriers envoyés à la direction de l’établissement ou au rectorat pour critiquer une enseignante considérée comme n’ayant « pas été gentille » avec un enfant.

Tout en revendiquant une « liberté d’enseigner », de nombreux enseignants appellent l’entourage des enfants et des adolescents à plus « [leur] faire confiance ». « Je suis formée pour, j’ai l’expérience, je n’ai pas à devoir dire le pourquoi du comment à chacune de mes décisions », estime Virginie Hénon, 45 ans, enseignante d’EPS à Saint-Omer (Pas-de-Calais), pour qui il est pourtant impensable de rompre le dialogue avec les parents d’élèves : « On doit pouvoir trouver des solutions ensemble, mais je ne peux pas les laisser entrer dans mon enseignement. »

Quelle place donner à la famille dans l’école ? Le système français a longtemps tenu à laisser les parents à l’écart de la classe : jusqu’au début du XXe siècle, l’enseignement est d’abord celui de la République, chargée de transmettre des valeurs communes et effacer les particularismes. « Cette mise à distance explicite, voire cette absence des parents et de la famille, marquera profondément l’organisation de l’école publique », notent l’inspecteur de l’éducation nationale Claude Bisson-Vaivre et la sociologue Martine Kherroubi dans l’introduction d’un numéro publié en 2017 de la revue Administration & Education, intitulé « Parents “gêneurs” ou “acteurs” : la place difficile des parents dans l’école ».

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