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Chômage : une embellie relative au troisième trimestre

Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité diminue de 11 %, mais reste supérieur à celui d’avant la crise.

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Publié le 27 octobre 2020 à 12h24, modifié le 28 octobre 2020 à 09h28

Temps de Lecture 5 min.

Dans une agence Pôle emploi, à Nice, le 18 mai.

L’amélioration est spectaculaire mais elle risque d’être de courte durée. Au troisième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A de Pôle emploi) a diminué de 11 %, selon une publication diffusée mardi 27 octobre par la Dares – la direction de la recherche du ministère du travail.

Cet indicateur repasse ainsi sous la barre des 4 millions, pour atteindre 3,924 millions en France (outre-mer compris, à l’exception de Mayotte). Une évolution en lien avec le redémarrage de notre économie, qui s’est produit à partir de la fin du printemps, après la soudaine entrée en récession causée par l’épidémie de Covid-19.

La tendance concerne toutes les tranches d’âge, mais elle se révèle encore plus marquée pour les moins de 25 ans : − 15,2 % de début juillet à fin septembre, en métropole (contre − 12 % pour les 25-49 ans et près de − 8 % pour les personnes ayant au moins 50 ans).

Le nombre de demandeurs d'emploi a diminué au troisième trimestre 2020 après une forte hausse pendant le confinement

Le nombre total de demandeurs d'emploi reste toutefois à un niveau très élevé, à plus de 6 millions.

Source : Pôle Emploi

Ces chiffres illustrent la – très relative – embellie sur le marché du travail, qui résulte sans doute, pour une part, de mesures arrêtées par le gouvernement. Parmi elles, il y a la prime à l’embauche des jeunes, dont l’entrée en vigueur, cet été, semble avoir eu un impact vertueux : les recrutements de salariés de moins de 26 ans se sont accrus de 1,3 % en août et en septembre, comparativement à la même période de 2019, selon des données dévoilées lundi par le ministère du travail.

« Le plan en faveur de l’emploi des jeunes a pu jouer en faveur du recul du chômage des moins de 25 ans, au troisième trimestre, mais son effet est difficile à évaluer et il est sans doute limité, à ce stade, les dispositions prises ayant commencé à être appliquées récemment », nuance Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Après une « baisse historique » de 40 % entre début mars et fin juin, les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) ont rebondi au troisième trimestre de près de 73 %, selon une note publiée le 21 octobre par l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), qui coiffe le réseau des Urssaf. La reprise s’avère un peu plus forte pour les contrats à durée déterminée (CDD) de plus d’un mois (+ 75,1 %) que pour les contrats à durée indéterminée (CDI, + 70,4 %).

Vases communicants

Plusieurs bémols doivent, cependant, être apportés. D’abord, la situation reste globalement très dégradée avec un volume de demandeurs d’emploi plus important que celui d’avant la crise : il est, en effet, supérieur de 8,8 % au niveau relevé il y a an.

En outre, une partie des personnes, jusqu’alors comptabilisées dans la catégorie A, ont retrouvé un poste, mais plus ou moins stable, si bien qu’elles ont préféré rester inscrites à Pôle emploi, dans les catégories B et C de l’opérateur public – celles des demandeurs d’emploi ayant travaillé : les effectifs (dans les B et C, donc) ont d’ailleurs augmenté de 26,7 % au troisième trimestre, en métropole. Autrement dit, il y a eu un mouvement de vases communicants, de la catégorie A vers les catégories B et C.

Pour le syndicat Force ouvrière (FO), « il est manifeste qu’à la sortie du confinement, les demandeurs d’emploi les plus précaires sont retournés ou se sont orientés vers (…) des contrats de travail courts ou très courts afin d’apporter un modeste complément de revenu à leur allocation-chômage ». Au total, le nombre d’actifs émargeant dans les catégories A, B et C recule un peu mais il se maintient légèrement au-dessus des 6 millions, sur l’ensemble du territoire.

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Autre constat décevant, aux yeux de Gilbert Cette, professeur associé à l’université d’Aix-Marseille : le nombre d’inscrits à Pôle emploi qui entrent en formation – ceux relevant de la catégorie D, donc – « progresse trop faiblement ». « Or, souligne-t-il, dans la période actuelle, où l’on cherche à transformer notre économie, c’est là que se joue l’avenir : l’acquisition de nouvelles compétences pour des actifs dont les métiers sont appelés à disparaître ou touchés par la crise. » Le plan de relance, présenté début septembre par l’exécutif, cherche précisément à mettre l’accent là-dessus, en soutenant les reconversions professionnelles. « Mais il faudra veiller à ce que les mesures prises se traduisent en actions concrètes, insiste Gilbert Cette. Pour notre système de formation, c’est un rude défi à relever. »

Incertitudes

L’une des principales questions qui vont se poser dans les semaines à venir « tient à la capacité de résistance des secteurs qui n’ont pas remonté la pente depuis la mi-mars », décrypte Mathieu Plane, en citant les services de transport – dont l’aérien –, les activités liées à la culture, au sport, aux loisirs, les hôtels et cafés…

« Jusqu’à maintenant, complète-t-il, les entreprises dans ces champs-là ont tenu grâce aux prêts garantis par l’Etat, au chômage partiel, au report du paiement d’impôts et de charges sociales, etc. Mais elles portent sur leurs épaules des pertes d’exploitation de 56 milliards d’euros. Et elles vont devoir rembourser le Trésor public ainsi que l’Urssaf, régler des loyers… » Leurs difficultés, qui plus est, sont susceptibles de s’accentuer si les pouvoirs publics « durcissent les mesures prophylactiques pour enrayer la circulation du virus ».

Dès lors, le risque est grand de voir le produit intérieur brut reculer à nouveau au quatrième trimestre – un scénario dont Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a parlé, lundi, en disant, en substance, qu’il était inéluctable.

« Des sociétés seront contraintes de fermer leurs portes tandis que d’autres vont hésiter à investir, face à une conjoncture marquée par le “stop-and-go”, affirme Gilbert Cette. Quant aux ménages, ils verront leurs opportunités de consommer réduites ou seront enclins à constituer une épargne de précaution. » L’un des enjeux, à ses yeux, « est donc de redonner confiance aux agents économiques » : « La sortie de l’incertitude ne peut être envisagée que si une solution médicale apparaît comme certaine dans un horizon proche, estime-t-il. L’idée que la pandémie ne s’éteindra pas d’elle-même est maintenant généralisée, contrairement au sentiment dominant lors de la première vague. »

Dans une note diffusée le 6 octobre, l’Insee expliquait que quelque 840 000 emplois, dont près de 730 000 emplois salariés, « seraient perdus » en 2020. Le taux de chômage, lui, atteindrait 9,7 % de la population active en fin d’année, soit 1,6 point de plus par rapport au quatrième trimestre de 2019. Mais ces prévisions ne sont-elles pas caduques si des entreprises sont remises sous cloche ou contraintes de tourner au ralenti, dans les prochains jours ?

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