La salve d’applaudissements qui a jailli des profondeurs du Palais de Tokyo, jeudi 29 octobre, vers 19 h 30, avait un écho particulier. Si les visiteurs saluaient la performance menée par la jeune plasticienne et poétesse Josèfa Ntjam, ils célébraient au passage une ultime expérience artistique avant de se confiner pour au moins quatre semaines.
La joie de pouvoir « finir en beauté » avec cette proposition immersive, aussi onirique qu’engagée, venait alléger la déception de revoir le centre d’art parisien se refermer pour Emma Lavigne, la directrice, présente dans le public. La performance affichait complet dans la jauge déambulatoire de 125 personnes masquées venues assister à cette première soirée de performance de l’exposition « Anticorps », ouverte le 23 octobre, et qui avait attiré près de 8 000 visiteurs en une semaine.
Emma Lavigne, directrice du Palais de Tokyo : « Ça devient un sacré exercice d’équilibriste d’arriver à programmer le vivant dans ces conditions »
« Avec cette exposition, construite pendant le confinement, il s’agissait de prendre le pouls de ce que l’on est en train de traverser et de réagir à la mise à distance des corps, en donnant la parole à une vingtaine de jeunes artistes de la scène française et internationale, confiait la patronne des lieux. On n’imaginait pas que l’exposition n’aurait qu’une semaine d’existence. Ce qui a été construit est à nouveau mis à l’arrêt. Nous rechangerons de nouveau notre programmation s’il le faut, même si ça devient un sacré exercice d’équilibriste d’arriver à programmer le vivant dans ces conditions. »
Site Internet spécifique
Pour cette exposition conçue en période d’incertitude sanitaire, le Palais de Tokyo avait, dès le printemps, imaginé un site Internet spécifique (Anticorps-palaisdetokyo.com). « La proposition en ligne est devenue consubstantielle à la conception d’une exposition, même si un site ne peut pas se substituer à l’expérience physiologique d’une exposition, souligne Emma Lavigne. Ce n’est pas un miroir, mais davantage un appel et un prolongement, avec des textes, des interviews ou des vidéos, au-delà de l’exploration des œuvres. »
Le public français, limité dans ses déplacements, a répondu présent aux expositions temporaires qui ont ouvert dans l’été et depuis la rentrée. Cela a été le cas pour celle consacrée à la photographe américaine Cindy Sherman, à la Fondation Louis Vuitton, ouverte le 23 septembre. Le lieu, excentré dans l’Ouest parisien, qui attire habituellement jusqu’à un tiers de visiteurs étrangers, pouvait craindre un démarrage décevant pour ce solo show. Or, la fréquentation, rajeunie, était de 10 000 à 12 000 visiteurs par semaine, un succès, compte tenu du contexte.
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