Rentrée très tendue dans les établissements scolaires
Crise sanitaire, hommage à Samuel Paty, sécurité renforcée en raison du plan Vigipirate-alerte attentats, contestation enseignante : la reprise des cours dans les écoles, collèges et lycée, ce lundi, s'est effectuée dans un climat particulièrement lourd.
Après deux semaines de vacances, les 12 millions d'élèves ont repris lundi le chemin de l'école, dans un climat particulièrement tendu en raison de la crise sanitaire, du plan Vigipirate-alerte attentats et de l'hommage à Samuel Paty, le professeur assassiné après avoir présenté des caricatures de Mahomet, dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression.
Le chef du gouvernement, Jean Castex, et le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, se sont rendus à Conflans-Sainte-Honorine, dans son collège, et dans une école élémentaire voisine. « On compte sur vous pour respecter les règles et la République, c'est aussi simple que ça », a lancé le Premier ministre aux élèves de CM2 avec lesquels il a échangé. Il a insisté sur le rôle central des professeurs dans l'école de la République, alors que certains enseignants étaient très critiques sur l'organisation de l'hommage et sur les règles sanitaires dans les établissements. Emmanuel Macron s'était, lui, adressé directement aux élèves par un message sur leurs réseaux sociaux privilégiés, Snapchat et Instagram, en les invitant à « apprendre à être libre » grâce à « l'école de la République ».
Il faudra du temps avant que l'Education nationale ait une vision complète des éventuels incidents autour de la minute de silence. Du côté du principal syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN, on évoquait avec prudence « un hommage quasi unanime ». Jean-Michel Blanquer a promis « des sanctions » en cas de dérapage , lundi, sur France Inter. « On ne se laisse pas faire, la République est la plus forte », a-t-il insisté. Le volume horaire de l'enseignement moral et civique va par ailleurs être revu à la hausse, et son contenu est promis à évoluer .
Projectiles sur des enseignants à Nantes
Des incidents ont éclaté à Nantes, où une trentaine de personnes cagoulées ont jeté des projectiles sur des enseignants du lycée Gaspard Monge-La Chauvinière, avant l'hommage à Samuel Paty. Le rectorat de l'académie de Nantes a déploré, sur France Bleu Loire Océan, « un événement majeur et exceptionnellement grave » qui pourrait avoir un lien avec un appel à bloquer les lycées, mardi.
Ce jour de rentrée a aussi été marqué par des grèves d'enseignants. Ils protestaient contre l'hommage réduit à Samuel Paty et la suppression des deux heures d'échanges qui leur avaient été accordées avant l'arrivée des élèves - la rentrée devait avoir lieu à 10 heures - avant d'être annulées, pour des raisons de transports scolaires, sanitaires et sécuritaires selon Jean-Michel Blanquer.
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Beaucoup d'enseignants dénoncent un protocole sanitaire renforcé jugé inapplicable. Ils craignent que leurs établissements ne soient des nids massifs de transmission du virus et réclament la possibilité d'accueillir les élèves par demi-groupes. « Je ne les refuse pas, mais je ne les encourage pas, car ce n'est pas aussi bien » et qu'il faut « tenir le fil de l'école », a réagi Jean-Michel Blanquer. La possible fermeture des lycées évoquée par son homologue à la Santé, Olivier Véran, « n'est pas à l'ordre du jour », a-t-il par ailleurs précisé.
Dans le Cantal, un homme a proféré lundi des menaces contre des élèves d'une école privée, à Pleaux, bourg de 1.500 habitants près de Clermont-Ferrand. Les écoliers ont été confinés. L'homme était toujours recherché, lundi en fin d'après-midi.
Marie-Christine Corbier