En Ile-de-France, le Covid-19 pousse la formation à distance
Une étude de Défi Métiers, le Carif-Oref francilien, montre que 51 % des acteurs de la formation ont maintenu leur activité à distance pendant le confinement. Mais la digitalisation doit s'intensifier alors que la crise continue à fragiliser le secteur.
Le confinement a joué le rôle de révélateur sur le niveau de digitalisation des prestataires de la formation professionnelle. Défi Métiers, le Carif-Oref francilien, groupement d'intérêt public financé par l'Etat et la région Ile-de-France et basé sur le champ de l'emploi, de la formation, et de l'orientation, a publié une étude sur les conséquences du confinement. 56 directeurs et responsables d'organismes de formation (OF) ont été sondés durant la première quinzaine de mai. Un zoom sur la région capitale qui est venu compléter une étude nationale réalisée à la même période par le réseau des Carif-Oref et la Dares.
Selon l'étude de Défi Métiers, en Ile-de-France, le taux de maintien de l'activité a été supérieur à la moyenne nationale, à savoir 51 %, contre 47 %. En revanche, 43 % des prestataires interrogés ont suspendu l'ensemble de leur activité de formation. Mais 6 % d'entre eux ont suspendu leur activité tout en « maintenant le contact avec les stagiaires » pour assurer « une dimension sociale ».
Smartphone
Grosses entreprises, petits acteurs parfois en free-lance, associations, organismes publics, les prestataires n'ont pas tout été logés à la même enseigne. Ceux qui ont maintenu leur activité sont ceux qui pratiquaient déjà la formation à distance avant le Covid-19 ou dont les formations (managériales, langues, etc.) étaient plus adaptées à ce format. « Durant le confinement, c'est le smartphone qui a été le support le plus utilisé en distanciel » précise Sophie Gonnard, chargée d'études chez Défi Métiers.
A contrario, les formations qui nécessitaient un plateau technique, du matériel spécifique ou d'être en contact physique avec d'autres personnes ont été reportées ou annulées. Les prestataires pointent aussi le refus du financeur de maintenir à distance, les capacités numériques insuffisantes des stagiaires ou le manque d'équipement du formateur.
Contraction du marché
Pour pallier le faible niveau de digitalisation du secteur, l'Etat a apporté son soutien. A l'appel du ministère du Travail, plusieurs acteurs (AFPA, CNED, Educagri, Nathan, Openclassroom, Pix..) ont mis en place sur une durée de trois mois des ressources accessibles gratuitement pour que les formations soient maintenues au maximum.
Il ressort de l'enquête que les acteurs de la formation ont été différemment impactés par la crise. « Ceux qui tirent leurs revenus de fonds privés d'entreprises, individuels et de comptes personnels de formation (CPF) ont été les plus durement touchés » indique-t-on. Ils ont été confrontés à une contraction du marché et une absence de perspectives sur la sortie de crise. Les acteurs financés par la commande publique s'en sont mieux sortis.
Ateliers d'accompagnement
Le dispositif FNE formation, qui permet jusqu'au 31 décembre 2020 que la formation soit prise en charge par l'Etat pour les salariés placé en chômage partiel, a permis de soutenir la demande. « Mais encore fallait-il que les organismes soient en mesure de faire à distance », précise Sophie Gonnard.
Alors que le rebond de l'épidémie va remettre l'accent sur le volet distanciel, Défi Métiers met en place des ateliers d'accompagnement. Les mois à venir vont être décisifs pour les prestataires. Ils ont jusqu'au 1er janvier 2022 pour obtenir la qualification Qualiopi, qui sera obligatoire pour percevoir des financements publics (Pôle Emploi, régions, etc).
Marion Kindermans