Le tacle du lundi – Le sport d'en haut, le sport d'en bas

CHRONIQUE. Avec le nouveau confinement, seuls le sport professionnel et le jogging sont autorisés. Pendant ce temps, le monde amateur meurt.

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À part le jogging, on ne peut plus pratiquer de sport en France.
À part le jogging, on ne peut plus pratiquer de sport en France. © HELGE PRANG / GES-Sportfoto / Picture-Alliance via AFP

Temps de lecture : 2 min

En 2002, Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, théorisait l'existence de deux France : celle d'en haut, pour qui tout allait bien, et celle d'en bas, où la vie n'était pas facile. Dix-huit ans après, le Covid-19 et le gouvernement viennent de transposer ce concept au sport. Il y a le sport professionnel, qui a le droit d'organiser ses compétitions, sous perfusion des droits télé (quand les diffuseurs les paient !), et le sport amateur, qui doit fermer boutique.

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Si on peut continuer à se régaler d'un indigent Dijon-Lorient (0-0) un dimanche à 15 heures, les tours de Coupe de France des divisions inférieures sont reportés. On peut organiser le BNP Paribas Masters dans un Bercy désert, mais jouer un match de tennis dans une bulle dans le cadre d'un tournoi amateur sans aucun contact est interdit. On pourrait multiplier les exemples à l'envi. Il était vital, et on le comprend, que les sportifs professionnels continuent de pratiquer leur discipline, car c'est leur métier. On comprend moins l'absence de dérogation, hors jogging, pour la pratique du sport dans le respect des gestes barrières. Les écoliers, collégiens et lycéens doivent revenir en classe, mais ils ne peuvent pas retrouver leur activité sportive, hors cours d'EPS. Quelque chose nous échappe.

Un intermittent du spectacle a-t-il plus d’importance qu’un entraîneur de tennis ?

On évoque beaucoup le monde de la culture sinistré par la succession des interdictions. Mais quid du monde du sport ? Qui pense aux présidents de club et à leurs salariés qui font vivre tout un écosystème ? Les fédérations pourront-elles subvenir à leurs besoins ? Un intermittent du spectacle a-t-il plus d'importance qu'un entraîneur de tennis ? Si Roselyne Bachelot perd bon nombre de ses arbitrages, au moins, elle mouille le maillot en négociant des aides, pesant en coulisses de tout son poids politique pour faire infléchir les décisions sanitaires et faisant le service après-vente médiatique. La ministre déléguée (tout un symbole) aux Sports est étrangement absente. Sur RMC, Roxana Maracineanu n'a quasiment parlé que du sport professionnel. Quand on les interroge, beaucoup de bénévoles et d'acteurs du quotidien se sentent abandonnés : les tournois – ceux qui mettent du beurre dans les épinards permettant d'acheter du matériel – sont annulés, les inscriptions plongent alors que les frais d'entretien s'accumulent. Le message doit être clair : le sport, ce n'est pas uniquement Neymar, Mbappé ou Roland-Garros.

Lire aussi Déconfinement : le sport, le grand oublié ?

Les Français sont reconfinés, et on redoute que la cocotte-minute ne finisse par exploser. Les autoriser à pratiquer leur sport dans la limite du raisonnable et de la responsabilité de chacun pourrait faire passer la pilule plus facilement. Mais doit-on s'étonner de la situation dans un pays qui ne se passionne pour le sport que lorsque ses représentants brillent ?

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Commentaires (14)

  • Dekisefouton

    S'agissant de sa nomination, on se demande sur quels critères elle a été choisie... Propos assez limités pour un tel poste... Le nombre de médailles n'a rien a voir avec un tel poste !

  • Aset

    Bien sur des mesures s'imposent, bien sur " La" solution reste improbable, cependant continuer à considérer le citoyen lambda comme irresponsable chronique avec comme seule méthode la coercition reste la méthode la plus discutable. L'Allemagne est souvent évoquée dans sa méthode utilisée contre le covid. Chez eux c'est la responsabilité de chacun qui est retenu. Il est grand temps de changer de méthode en France, et dans tous les domaines. Sonner la fin de l'infantilisation serait un vrai signal positif et une avancé significative vers le civisme. Démarche bien sur à haut risque au départ mais retombées positives à terme. Ce changement permettrait à nos dirigeants de gagner en crédibilité. Les aberrations de décisions unilatérales sont légions et révèlent un système démocratique malade. La gestion de cette crise sanitaire est emblématique du problème. La répression n'est jamais la bonne réponse et gagner l'adhésion des citoyens passe par la pédagogie, et le respect. La démocratie, c'est lorsque la souveraineté appartient au peuple. Les gouvernements successifs depuis le Général De Gaulle ont oublié ce principe fondateur.

  • oldtic

    Que je partage et adhère totalement à votre commentaire. Ce confinement a parfois le parfum désagréable et injuste des punitions générales d’antan. La pratique du golf respecte la totalité des gestes barrières alors pourquoi interdire cette activité qui ne crée pas de brassage des foules !