Ruée sur le « click and collect » dans les librairies. Si ce système de précommande et de retrait en magasin avait profondément fracturé la profession lors du premier confinement, cette fois-ci l’engouement est là. Entre mars et mai, seules 400 librairies sur 3 300 y avaient eu recours. « Aujourd’hui, 1 400 le pratiquent quotidiennement grâce à leur site de ventes en ligne », assure Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française (SLF). Depuis mai, 250 sites de libraires ont été créés, qui s’ajoutent aux portails des grandes librairies, des réseaux d’indépendants, des chaînes de magasins spécialisés (Fnac, Cultura…) et bien sûr d’Amazon.
Phénomène nouveau, les libraires qui n’ont pas de site pratiquent du « click and collect » artisanal : les clients téléphonent ou envoient un message sur les réseaux sociaux pour réserver un ouvrage et fixer un rendez-vous pour venir le chercher.
« On assiste à une explosion des ventes en ligne des librairies », observe Guillaume Husson. « On se croit à Noël », se réjouit-on chez Tite Live, l’opérateur du portail Place des libraires, qui regroupe 770 librairies. L’an dernier, les ventes par Internet représentaient, selon les analystes, 15 à 17 % du marché du livre. « La priorité est de répondre à l’élan du public, même si ces ventes ne vont pas sauver l’activité des libraires en fin d’année », estime le délégué général du SLF. Alors qu’en mars la quasi-totalité des salariés étaient en chômage technique, là, une partie des équipes vient travailler pour assurer les précommandes et les retraits. « Cependant, le chiffre d’affaires ne devrait guère dépasser 20 % de l’activité habituelle », ajoute Guillaume Husson qui, pour pallier ce manque à gagner, négocie des aides spécifiques avec le gouvernement.
La fermeture des librairies, suivie, pour des raisons de concurrence, de l’interdiction de vendre des livres imposée aux Fnac, aux hypermarchés, aux supermarchés et aux maisons de la presse, suscite toujours un torrent de critiques. Pour apaiser cette fureur, Roselyne Bachelot a apporté une consolation. Le 2 novembre, la ministre de la culture a promis une réduction « au moins par trois ou quatre » des tarifs postaux pour les envois de livres commandés en librairie.
Rogner leur petite marge
C’était une revendication très ancienne des libraires. D’autant plus qu’Amazon ne fait payer que 1 centime de livraison pour les livres à ses abonnés Prime. Pour le même livre de poche, Cultura demande 9,99 euros de frais de livraison à domicile et la Fnac seulement 1,99 euro. Decitre ne fera payer que 1 centime mais à partir d’une commande de 35 euros, et Mollat à partir de 20 euros d’achat. Reprise mi-octobre par un ancien cadre d’Amazon, Marc Bordier, la librairie grenobloise Arthaud a ainsi abaissé cette semaine de 4,95 euros à 1 euro le coût de la livraison des commandes. Avec l’objectif affiché de faire démarrer ses ventes en ligne au-delà de la région de Grenoble.
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