Le port du masque obligatoire dès l’âge de 6 ans à l’école – contre 11 ans jusqu’à la rentrée du 2 novembre – questionne certains parents ou enseignants, notamment sur son éventuel impact psychologique. Agnès Pargade, pédopsychiatre dans les Pyrénées-Atlantiques et autrice de Pourquoi consulter un pédopsychiatre ? (De Boeck Supérieur, 2011), estime qu’à partir du CP les enfants sont capables de comprendre l’importance de se protéger contre le Covid-19 et de se sentir responsabilisés.
Quelles peuvent être les conséquences du port du masque sur les enfants ?
Le port du masque peut poser quelques difficultés pour s’exprimer, pour les enfants comme pour les adultes, car cela oblige à parler plus fort. Selon moi, cela ne pose, cependant, pas de souci pour le développement de l’enfant. Les muscles du visage sont importants, mais les émotions passent surtout par le regard, par la communication orale.
Il faut donc que les parents et les enseignants soient plus attentifs au regard des enfants. Cela demande quelques efforts, mais tout le monde va très bien s’adapter. D’autant que les enfants ne portent pas le masque toute la journée, ils l’enlèvent pour manger et à la maison. Certaines pathologies demandent des masques spécifiques, et les orthophonistes, par exemple, ont commandé des masques translucides pour eux et pour leurs petits patients. Mais ce sont des cas exceptionnels.
Nous allons découvrir certaines conséquences dans les mois à venir, comme peut-être des dépressions chez les adultes, voire chez les enfants. Mais cela sera davantage lié à la morosité ambiante, à une perte du pouvoir d’achat, qu’au port du masque ou à la distanciation sociale, car nous disposons d’outils alternatifs pour communiquer (notamment les smartphones, pour les adolescents) et les rapports humains sont peu modifiés. Pour les petits, il faut continuer les interactions sociales, aller au parc, faire une course avec eux, etc.
Ce n’est pas le masque qui posera problème. C’est un épiphénomène. En Asie, les enfants le portent depuis longtemps, et cela a aussi été testé dans d’autres pays. A mon sens, il n’y aura pas d’impact sur les enfants ; il serait même possible de le porter dès la maternelle.
Comment faire accepter le port du masque aux enfants ?
Les enfants sont déjà habitués au masque, c’est arrivé très progressivement depuis mars, ils ont vu leurs parents le porter, puis les enseignants, ça ne leur est pas brutalement imposé. Il faut que cela soit fait avec pédagogie. Un enfant, c’est un buvard, si la famille est coopérative, il n’y aura aucun problème.
Chez les petits, le masque est plutôt un amusement, un déguisement. Mais, à partir de 6 ans, ce n’est plus un jouet. C’est le CP, l’âge où « on devient un grand », il faut le présenter comme une responsabilité, un challenge, et les enfants vont investir ce rôle. Les adultes doivent leur expliquer les enjeux, sans dramatiser, leur dire que c’est un moyen pour que le virus s’en aille et éviter d’être malade.
Si, malgré tout, l’enfant est très angoissé et pleure, les parents peuvent, par exemple, prendre rendez-vous avec leur médecin, pour qu’il lui explique pourquoi c’est important de porter le masque. Ce doit être un élément protecteur et rassurant. Si on lui dit ça, il va l’accepter. On a beaucoup plus de difficultés à faire respecter cela par les personnes âgées…
Ce n’est pas le masque lui-même qui sera le plus contraignant, c’est tout le protocole sanitaire – lequel est indispensable. Il est donc important de mettre en place une routine. Il faut dire à l’enfant qu’il ne le portera pas toute la journée, qu’il l’enlèvera pour le repas, à midi, et le soir, à la maison. Il faut expliquer que, quand on l’enlève, on doit bien le plier pour coincer le virus dedans, puis on le met à la poubelle si c’est un masque jetable, et on se lave les mains. Cela va devenir une nouvelle habitude pour l’enfant.
Il faut aussi expliquer que le masque, c’est personnel, on ne doit pas l’échanger avec ses camarades. Et il faut faire en sorte que l’enfant n’y touche pas trop, ne tire pas dessus, ce qui passe par le choix d’un masque adapté.
Comment bien choisir un masque pour son enfant ?
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il faut éviter les masques en tissu avec des super-héros ou des princesses, car ils sont plus épais et donc plus difficiles à porter. En plus, ce n’est pas un jeu, on est sur du médical.
La première chose que l’enfant va dire, c’est qu’il a du mal à respirer. Le masque doit donc être le plus fin possible, le mieux est d’utiliser des masques chirurgicaux. Il faut également un masque à la bonne taille, on ne doit donc pas opter pour des masques pour adultes. Si les élastiques des masques chirurgicaux pour enfant sont trop courts, n’hésitez pas à bricoler pour les rallonger. Car, quand c’est trop petit, ça tire derrière les oreilles, c’est très désagréable.
Ensuite, c’est un peu comme un bonnet ou une écharpe qu’on incite à mettre quand il fait froid, sauf que le masque, c’est beaucoup plus facile ! Ça va devenir la routine de cet hiver.
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