C’est la nouveauté de la rentrée : depuis le 2 novembre, les élèves de 6 ans et plus portent un masque toute la journée. Une obligation « dans les espaces clos ainsi que dans les espaces extérieurs », en vertu du protocole sanitaire renforcé désormais en vigueur dans les établissements scolaires.
Les enseignants des écoles élémentaires expérimentent donc à leur tour les journées rythmées par les rappels réguliers, pour dire aux enfants de bien porter le masque sur le nez, ou de ne pas mettre leurs doigts dessus. « Plus les élèves sont jeunes et plus c’est difficile : le masque n’est pas forcément à leur taille et ils ne savent pas toujours comment le porter », souligne Julie Baux, membre du collectif syndical d’enseignants Les stylos rouges, et professeur des écoles à Andrésy (Yvelines).
Le port du masque a aussi des conséquences pédagogiques, en particulier au CP, où les enseignants doivent désormais composer avec des élèves dont ils ne voient plus la bouche lorsqu’ils forment les sons. « Depuis septembre, de temps en temps, je me collais au tableau pour retirer mon masque, pour que les enfants puissent voir la prononciation de certains sons, témoigne Delphine Siard, enseignante de CP au Havre. Mais maintenant, je ne sais même plus s’ils font le bon geste ou pas. Le travail de phonologie devient complexe. »
« Prendre le temps » d’expliquer
Certains instituteurs rapportent aussi des problèmes de compréhension. « Le masque étouffe la voix des enfants qui n’ont pas l’habitude de parler fort », indique Iris (le prénom a été modifié), qui enseigne à Troyes (Aube), en unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) – une classe qui rassemble 12 élèves de 7 à 10 ans parlant une autre langue que le français.
« Les élèves font plus d’efforts dans la lecture, et parfois enlèvent instinctivement leurs masques, parce qu’il les gêne. » Sans compter les petits inconvénients qui s’accumulent : la buée sur les verres des lunettes, ou les enfants qui « se plaignent de maux de tête et de gorge », comme le rapporte Julie Baux. « A long terme, j’ai peur que cela affecte leur concentration et les rende plus vulnérable aux difficultés scolaires », s’inquiète l’enseignante.
Le port du masque à l’école élémentaire ayant été annoncé quelques jours avant la fin des congés, les parents ont dû à la fois s’équiper à temps et expliquer très vite ce changement à leurs enfants. « J’ai attendu d’être sûre que le masque devenait obligatoire à 6 ans pour en acheter, rapporte Emilie, mère d’un élève de CP scolarisé à Paris, qui a fait face à une pénurie dans les magasins. J’avais promis à mon fils qu’on choisirait des masques avec des motifs qui lui plaisent, mais je n’ai trouvé que des masques chirurgicaux assez moches ! » Delphine, au Havre, appréhendait cette rentrée – mais elle a finalement pu compter sur l’anticipation des parents. « Certains avaient déjà tout prévu, raconte-t-elle. Les enfants avaient des petites pochettes avec une gommette rouge pour le masque sale et une gommette verte pour le masque propre. »
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