«Kleenex», le mot devait être prononcé le mois dernier, au MaMA, pour désigner les musiciens que la profession happe puis largue aussi vite. La conférence sur la question «Comment durer comme musicien ?» a été annulée, comme la totalité du «festival & convention» qui trace, chaque automne à Paris, un panorama du secteur. On sait qu'il est dévasté par la crise sanitaire. Mais pour les artistes, les difficultés ne datent pas de cette année. Alors que l'industrie se goinfre de nouvelles têtes, au rythme effréné des tendances, les musiciens sont écartelés entre la nécessité de structurer un gagne-pain et les sirènes de la célébrité, au risque d'être jetés comme des mouchoirs en papier.
Dur de durer, dans cette galaxie constellée d'étoiles filantes et de trous noirs qui engloutissent des carrières éphémères. Des stratégies s'imposent. C'est particulièrement vrai dans le fourre-tout des «musiques urbaines», où Chinese Man s'accroche depuis quinze ans, un âge vénérable que le trio marseillais devait fêter début octobre, chez lui, à la Fiesta des Suds, si elle n'avait pas été annulée. «On fêtera quand on pourra fêter», soupire Fred Maigne. Présent dès le début de l'aventure, manager du groupe et du label Chinese Man Records (Taiwan MC, Scratch Bandits Crew…), il décrit l'idée : «Il ne s'agissait pas de faire de la musique pour être connus, mais bien de construire un projet. Nous avons avancé doucement, sans brûler les étapes, en se disant t