Publicité

Covid et demi-groupes dans les lycées : le casse-tête de la nouvelle organisation sanitaire

Les lycéens ne suivront plus qu'une partie des cours dans leur établissement. Les proviseurs, qui avaient jusqu'à ce lundi pour appliquer le protocole sanitaire, cherchent à organiser des enseignements à distance « sans rompre le fil de l'école » . Plusieurs syndicats ont maintenu leur appel à une « grève sanitaire » pour mardi.

Pour appliquer le nouveau protocole sanitaire, les lycéens ne suivront plus qu'une partie des cours dans leur établissement.
Pour appliquer le nouveau protocole sanitaire, les lycéens ne suivront plus qu'une partie des cours dans leur établissement. (Photo Damien Meyer/AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 9 nov. 2020 à 06:15

A Poudlard, Hermione suit deux cours à la fois grâce à un sablier qui lui permet de remonter le temps. Dans la vraie vie, tout ne se passe pas comme pour l'héroïne d'Harry Potter, s'agace Lydia Advenier, proviseure du lycée Hector Guimard à Lyon et membre du syndicat SNPDEN. « Soulagée » des nouvelles possibilités de cours à distance qui vont « rassurer des enseignants très inquiets », elle insiste sur le fait que « tout ne peut pas se réaliser tout de suite ».

Ses élèves viendront au lycée une semaine sur deux, mais « les groupes ne sont pas encore déterminés ». Elle décrit un vrai casse-tête : « Certains cours sont déjà organisés en quinzaine, et le professeur qui est en quinzaine avec une classe est aussi en alternance avec une autre classe. »

Les établissements scolaires avaient jusqu'à ce lundi pour appliquer le nouveau protocole sanitaire. Quelques lycées ont anticipé les demi-groupes, mais pas tous car, explique un proviseur, « le ministère nous disait depuis septembre : 'Non, non, non, il n'est pas question de cours à distance !'» Certains lycées auront une nouvelle organisation dès lundi, d'autres ne seront pas prêts avant le 16 novembre.

« Un enjeu social »

Publicité

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a promis de laisser une certaine latitude aux proviseurs pour s'organiser, à condition que 50 % des cours au moins d'ici Noël se déroulent physiquement dans les lycées. Des établissements de centre-ville pourront faire venir leurs élèves un jour ou une matinée sur deux alors qu'en milieu rural, avec le problème des transports scolaires, cela n'aurait pas de sens.

Les proviseurs veulent éviter que les cours à la maison ne soient synonymes de « rupture du fil » avec l'école. Plutôt qu'une semaine sur deux, certains réfléchissent ainsi à des rotations plus courtes sur trois jours, mais la réforme du lycée complique la donne. « Comme les enseignements de spécialité sont constitués d'élèves issus de plusieurs classes, on risquerait un jour d'avoir trois élèves dans l'un de ces cours, et trente-deux le lendemain », prévient Lysiane Gervais, proviseure du lycée Cousteau à Saint-André-de-Cubzac (Gironde) et syndiquée au SNPDEN. 

Les proviseurs se sont donné des priorités. Dans le lycée professionnel de Jérôme Presneau, enseignant en français et histoire-géographie à Rezé, près de Nantes (Loire-Atlantique), les demi-groupes se mettent en place ce lundi. Sauf pour les CAP, pour lesquels il y a « un enjeu social » et qui ne sont que quinze par classe. Ils garderont leur emploi du temps.

D'un lycée et d'un cours à l'autre, les enseignements à distance prendront la forme de documents déposés sur Pronote - le logiciel de vie scolaire -, de visioconférences ou de cours suivis par webcams. « Il y aura un mix, détaille Thierry Roul, à la tête du lycée de l'image et du son d'Angoulême : sur deux heures de français, la première heure peut être un cours magistral pour tous, et la deuxième heure faire l'objet d'un exercice particulier pour la moitié des élèves qui sont à distance. » Parfois, c'est aussi « de la dentelle », comme pour ces deux élèves vulnérables qui suivent leur cours de construction mécanique grâce à leur professeur qui connecte son propre mobile à un micro et à leur smartphone.

« Des barnums chauffés »

Quant à ceux qui n'ont pas d'internet chez eux, « ils doivent continuer à être accueillis dans les établissements », insistait vendredi la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. Plusieurs régions se sont engagées à fournir du matériel informatique aux lycéens. L'Île-de-France promet ordinateurs, webcams, clés 4G et formations des enseignants. Valérie Pécresse entend aussi investir « 3 à 3,5 millions d'euros » pour remplacer « en 24 heures » tous les agents absents en raison de la pandémie. Pour les cantines, points noirs pour la circulation du virus , des salles supplémentaires avec paniers repas ou des barnums chauffés seront mis à disposition.

Tout ne sera pas parfait, admettent les proviseurs. Dans les internats, l'application du protocole est rarement respectée. Sans compter les collèges qui, « sauf exceptions très particulières » selon Jean-Michel Blanquer, garderont leur organisation actuelle. Plusieurs syndicats enseignants ont d'ailleurs maintenu leur appel à la « grève sanitaire » pour mardi.

Marie-Christine Corbier

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité