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« Ce reconfinement, c’est la double peine. On est enfermés et en plus, c’est de notre faute » : une jeunesse en détresse psychologique

Depuis mars, Nightline, un service d’écoute de jeunes, a vu ses appels exploser.

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Publié le 10 novembre 2020 à 10h13, modifié le 11 novembre 2020 à 08h28

Temps de Lecture 8 min.

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Nightline, un service d’écoute de jeunes, a vu le nombre de ses appels s’envoler depuis la crise sanitaire.

« Tu veux une thématique en particulier ? – Je viens de faire le viol, mais j’suis pas contre un autre truc difficile. – O.K. » Long silence. Ambre tourne le dos à Capucine et prend sa tête dans ses mains. « Bonsoir, ici Nightline, je t’écoute. » Nous ne donnerons pas ici le détail de cette fausse conversation téléphonique, d’une durée de dix minutes, pourtant plus vraie que nature. Il s’agira d’inceste et d’idées noires, de solitude, et d’un besoin vital de parler.

En formation pour devenir bénévoles au sein de l’association Nightline – une permanence d’écoute nocturne gratuite gérée par des étudiants, destinée aux étudiants – Ambre et Capucine (tous les prénoms des jeunes interrogés ont été modifiés), 20 ans et 22 ans, enchaînent les jeux de rôle tout l’après-midi. Elles alternent entre le personnage de l’appelant et celui de l’écoutant, simulent des situations de violences domestiques, de suicide, de deuil, d’addictions. Lors de ce week-end de formation, la petite dizaine de futures bénévoles met en pratique le principe de « l’écoute active ». Avec un objectif clair affiché par les formateurs : « Etre capable d’encaisser tous les appels », sans décharge émotionnelle trop forte.

Face à une explosion des demandes au moment du confinement du printemps, l’association Nightline, créée en 2017, a tenté de s’organiser pour pouvoir répondre à tous ceux qui cherchent une oreille dans la nuit. En formant davantage de bénévoles à Paris et en créant des antennes à Lille, à Lyon et à Saclay (Essonne), le service devrait désormais rester ouvert tous les soirs, entre 21 heures et 2 h 30 du matin, avec la possibilité d’échanger par chat ou par téléphone. Après une semaine de reconfinement, le nombre d’appels – qui était resté très important depuis la rentrée – a déjà augmenté de 40 %. « On retrouve les thématiques habituelles, dont la solitude, qui frappe une majorité de nos appelants, mais il y a clairement un effet Covid, souligne le président de Nightline, Florian Tirana, étudiant de 24 ans. Les mêmes problèmes en plus grave : avec une chape de plomb par-dessus. »

Une bouffée d’air pour des étudiants seuls

Avec ses quatre principes fondamentaux – l’anonymat, la confidentialité, l’absence de jugement et la non-directivité (un bénévole ne dira jamais à l’étudiant quoi faire) –, Nightline se limite à une écoute ponctuelle par les pairs, à distinguer d’un suivi psychologique par un professionnel. Mais en cette période de reconfinement, alors que les services de santé mentale dévolus aux étudiants sont asphyxiés, l’association peut représenter une première bouffée d’air, un espace de parole supplémentaire.

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